Des dirigeants européens ont menacé vendredi la Russie de nouvelles sanctions lors du 6e sommet de la Communauté politique européenne à Tirana, Albanie. La présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter a mené dans ce cadre des entretiens bilatéraux avec de nombreux chefs d'Etat et de gouvernement européens.
«Parfois, on peut apprendre plus ici en cinq minutes qu'en étudiant des dossiers pendant des heures», a déclaré Mme Keller-Sutter à des journalistes suisses à l'issue du sommet. «La Suisse a la possibilité d'entretenir son réseau, de défendre ses points de vue et ses intérêts, et ce au-delà de l'Union européenne»
Quelque 45 pays, les institutions de l’UE et d’autres organisations européennes étaient représentés à Tirana, selon un communiqué vendredi du Département fédéral des finances (DFF). Karin Keller-Sutter y a rencontré le chancelier allemand Merz, le président français Macron, les premiers ministres britannique Starmer, italienne Meloni et espagnol Sanchez ainsi que le président turc Erdogan.
Rencontre agendée avec Merz
Mme Keller-Sutter a ainsi convenu avec le chancelier allemand Friedrich Merz qu'ils se rencontreraient «le plus rapidement possible». Le chancelier autrichien Christian Stocker a confirmé qu'il se rendrait en Suisse fin août, tandis qu'une rencontre avec le président français Emmanuel Macron est encore attendue.
Avec Keir Starmer, Mme Keller-Sutter a eu un «bref» échange de vues sur l'accord conclu entre Washington et Londres. Elle s'est également entretenue avec le Premier ministre polonais Donald Tusk : «Un pays très intéressant pour la Suisse», selon Mme Keller-Sutter, de par sa situation géopolitique et son économie forte.
Un entretien a aussi eu lieu avec la Première ministre danoise Mette Frederiksen, dans l'espoir notamment d'obtenir une invitation pour une rencontre informelle des ministres des Finances et de l'Économie de l'UE. Le Danemark assumera à partir de juillet la présidence tournante de l'UE pour le deuxième semestre.
Pourparlers russo-ukrainiens
Pour ce qui est des questions internationales, la guerre en Ukraine et les relations transatlantiques ont entre autres été évoquées. Les objectifs de la présidence suisse de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, prévue en 2026, ont aussi été discutés.
Alors que les premiers pourparlers directs entre la Russie et l'Ukraine se tenaient vendredi à Istanbul, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé une proposition pour un nouveau paquet de mesures punitives.
Interrogée sur le fait de savoir si ses interlocuteurs avaient demandé à la Suisse d'en faire davantage pour soutenir l'Ukraine, Mme Keller-Sutter a répondu : «Non, au contraire». Le rôle de la Suisse est très reconnu et aucune demande n'a été formulée dans ce sens. La Suisse a réitéré au président ukrainien ses bons offices pour servir de médiateur entre la Russie et l'Ukraine.
Sur le front transatlantique, la Suisse poursuit ses discussions techniques avec les Etats-Unis sur la question des droits de douane. Les deux parties souhaitent une accélération des discussions, a déclaré la présidente de la Confédération en marge du sommet à Tirana.
La Suisse hôte en 2027?
La conseillère fédérale et ministre des Finances a encore participé à une table ronde sur les moyens de renforcer la compétitivité et la sécurité de l’Europe par l’innovation et la résilience. Elle s'est inquiétée des dettes publiques élevées en Europe, qui font peser des risques sur la stabilité financière et les marchés financiers.
Plateforme informelle, le sommet de la Communauté politique européenne se tient deux fois par an. Le prochain aura lieu au Danemark en octobre 2025. La Suisse se met à disposition en tant que pays hôte: Mme Keller-Sutter a évoqué l'année 2027.