Alors que passagers payaient la note
Le nouveau CEO de Skyguide impose un plan d’économies très strict

Peter Merz, arrivé à la tête de Skyguide en octobre, met fin aux dépenses excessives et annonce un plan d’économies de 24 millions de francs. Gel des embauches, suppression de voyages et rationalisation des logiciels: toutes les mesures visent à réduire les coûts.
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L'entreprise publique de contrôle aérien Skyguide est en proie à des difficultés financières.
Photo: Keystone
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Raphael Rauch

Depuis des années, les services publics de la navigation aérienne Skyguide continuent d'engager de nouveaux collaborateurs, malgré des résultats financiers déficitaires. Le nombre de postes à plein temps a ainsi augmenté de 183 unités, passant de 1'364 en 2020 à 1'547 en 2025, soit une progression de près de 14%. Et ce sont finalement les passagers qui paient la facture, à travers des taxes toujours plus élevées.

Les années de vaches grasses sont terminées! C’est avec ce message que le nouveau CEO de Skyguide, Peter Merz, a pris ses fonctions en octobre et a ordonné aux services de navigation aérienne de réaliser des économies drastiques. Selon un e-mail adressé au personnel, il souhaite économiser 24 millions de francs dès l’année prochaine. Cela passe notamment par un gel des embauches, déjà évoqué par Blick, mais également par un ensemble de mesures supplémentaires.

«Ce paquet comprend, entre autres, la réduction de moitié des frais de déplacement et la suppression des lieux de réunion externes. Avec ce premier ensemble de mesures, nous attendons des économies de l’ordre de 2,5 à 3 millions de francs», déclare à Blick le porte-parole de Skyguide, Vladimir Barrosa.

Skyguide, un paradis pour les dépenses

Jusqu’à présent, les frais étaient généreusement remboursés chez Skyguide. Un collaborateur pouvait par exemple déclarer ses frais de cantine à Genève s’il déjeunait là-bas plutôt qu’à Dübendorf, et inversement. C’est désormais terminé. Peter Merz supprime également un voyage à Lisbonne, où se tiendra l’an prochain le salon Airspace. «Les années précédentes, entre 80 et 100 collaborateurs de Skyguide y participaient. Après les mesures récemment décidées, seuls quelques responsables clés s’y rendront en 2026», explique Vladimir Barrosa. Le CEO met également fin au Business Day organisé au Kursaal à Berne.

Selon les informations de Blick, Skyguide prévoit également de réaliser des économies substantielles dans le domaine informatique dans les années à venir. Il est désormais plus rentable d’acheter des logiciels à l'externe plutôt que de les développer soi-même comme c’était le cas jusqu’à présent. La stratégie de produire des logiciels en interne, de les licencier dans le monde entier et de développer ainsi un modèle économique attractif pour Skyguide, ne s’est jamais concrétisée.

Des licenciements possibles

Ce qui reste incertain, c’est l’avenir de l’entreprise Skysoft, filiale propre à Skyguide. Pour réduire les coûts de gestion et éviter des structures à double, un transfert à Skyguide pourrait être envisagé. «Pour le CEO Peter Merz, il est prématuré de faire des déclarations sur l’évolution future de cette collaboration», précise le porte-parole. Une certitude cependant: le Conseil fédéral prévoit de modifier le droit aérien afin d’acheter davantage de services de navigation aérienne à l’étranger, ce qui permettrait de réduire encore les coûts.

Les 24 millions de francs d’économies ne pourront pas être atteints sans envisager des licenciements. Combien d’emplois seront supprimés chez Skyguide? «Il s’agit d’abord d’identifier les potentiels d’économie et de les mettre en œuvre», explique Vladimir Barrosa. Il n’exclut pas des licenciements, qui ne seraient toutefois qu’un «dernier recours».

Le Contrôle des finances sur le dossier Skyguide

L’ancien chef des Forces aériennes, Peter Merz, a succédé à son prédécesseur Alex Bristol en octobre et a trouvé une entreprise qui avait perdu l’habitude de faire des économies. Le ministre des Transports, Albert Rösti, ainsi que le conseil d’administration de Skyguide attendent de Peter Merz une politique rigoureuse d’austérité. Pour le Contrôle fédéral des finances (CDF), Skyguide est depuis des années un «enfant à problèmes». Son prochain rapport critique sur l’entreprise sera présenté le 4 février.

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