L'UDC a déposé une série de propositions en faveur du nucléaire lors de l'examen de la grande réforme de l'énergie. Le parti conservateur voulait faciliter l'octroi d'autorisations pour la construction de nouvelles installations nucléaires sur des sites préexistants sous condition, mais aussi autoriser les centrales de 3e génération, celles intrinsèquement sûres ou encore celles dont la fréquence des dommages au cœur du réacteur est d'1/100'000 ans.
«Relancer le nucléaire n'est ni un caprice, ni une mode. C'est un besoin nécessaire et urgent, a jugé Pierre-André Page (UDC/FR). Notre auto-approvisionnement ne peut être réalisé sans l'apport de l'énergie nucléaire. Cette énergie ne doit pas nous faire peur.»
Les besoins vont augmenter
«L'eau, le vent et le soleil sont des éléments sympathiques. Mais ils ne suffisent tout simplement pas. Ne rêvons pas. Soyons réalistes», a poursuivi le Fribourgeois. Le nucléaire pourra garantir l'auto-approvisionnement de manière économique, efficace et sur le long terme, selon lui. Et Pierre-André Page de rappeler que les besoins vont augmenter, notamment en raison de la croissance démographique. La population est en outre favorable à maintenir les centrales nucléaires selon un sondage, a-t-il pointé.
Monika Rüegger (UDC/OW) a quant à elle appelé à rester ouverts aux nouvelles technologies: «Les centrales de troisième génération n'ont rien à voir avec les précédentes. Ce serait comme comparer une voiture des années 60 à une Tesla d'aujourd'hui.»
L'UDC n'a toutefois récolté qu'une poignée de voix auprès du PLR et du Centre. Christian Wasserfallen (PLR/BE) a notamment aussi tenté d'assouplir la législation en biffant les interdictions pour les autorisations générales pour les centrales nucléaires.
Propositions rejetées en bloc
Tous les autres partis, les Vert-e-s en tête, ont majoritairement rejeté ces propositions. «Plus personne ne veut investir dans des centrales nucléaires. C'est trop cher. Si nous voulons construire de nouvelles installations, celles-ci devront être subventionnées par l'État, a contré Kurt Egger (Vert-e-s/TG). C'est de l'argent qui manquera pour le développement des énergies renouvelables.»
«S'accrocher aux centrales est un obstacle au tournant énergétique, a abondé Delphine Klopfenstein Broggini (Vert-e-s/GE). C'est aussi un immense problème en terme d'approvisionnement et de sécurité. Plus les centrales vieillissent, plus les arrêts sont fréquents.»
Et Delphine Klopfenstein Broggini de rappeler l'arrêt de 40% des centrales nucléaires françaises l'été passé pour des raisons techniques. «En Suisse, entre 2 et 3 incidents sont rapportés chaque mois.» Il n'y a en outre toujours pas de solution durable pour entreposer les déchets nucléaires, a soulevé Baptiste Hurni (PS/NE).
L'uranium utilisé en Suisse est à 60% russe
Les deux députés ont aussi souligné le problème de la dépendance à l'étranger pour l'uranium. «Selon Greenpeace, 60% de notre uranium provient de Russie», a mentionné la Verte. Tirer la prise du nucléaire avec un calendrier précis est nécessaire. Son parti aurait voulu que Beznau I et II ferment leurs portes au plus tard en 2027, Gösgen en 2032 et Leibstadt en 2037. La proposition a été rejetée.
Pour le PLR, ce n'est pas non plus l'heure de rouvrir la porte au nucléaire. «Quand les centrales de 4e génération seront commercialisables, une levée des interdictions pourra et devra être rediscutée», a toutefois estimé Susanne Vincenz-Stauffacher (PLR/SG). Mais ce temps n'est pas arrivé. Il n'y a pas d'urgence.
Le Centre a de son côté jugé qu'une relance du nucléaire n'a pas sa place dans une loi visant à renforcer les énergies renouvelables.
(ATS)