Après la résiliation de bail collective
Près de 300 locataires reprochent à leur proprio de laisser tomber leur immeuble en lambeaux

Les locataires du lotissement Vita à Langnau am Albis, à Zurich, ont reçu une lettre de résiliation de bail collective qui les sommait de quitter leur logement d'ici fin septembre. Les habitants reprochent à leur bailleur d'avoir délibérément négligé l'immeuble depuis.
Publié: 06:10 heures
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Dans un bloc d'habitation de la cité Vita, le plâtre se serait effrité du plafond à la mi-août.
Photo: DR
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Karin Frautschi

La lumière dans les couloirs ne fonctionne quasiment jamais. Un trou moisi trône dans le plafond. Des mauvaises herbes commencent à pousser à travers les fenêtres. L'état de la cité Vita à Langnau am Albis, commune située aux abords du lac de Zurich, laisse à désirer. «Nous ne nous sentons plus à l'aise dans notre logement. C'est un combat quotidien de vivre ici», expliquent les locataires à Blick. 

Au printemps dernier, une lettre de résiliation collective est arrivée dans les boîtes aux lettres des 284 ménages de la cité Vita. En cause: un vaste projet de rénovation et de densification du site de 65'000 mètres carrés. Les locataires étaient sommés de quitter les lieux d'ici fin septembre. Une alternative leur était toutefois proposée: signer une déclaration par laquelle ils renonçaient à toute contestation juridique. En échange, ils pouvaient prolonger leur bail d’une année, jusqu’à fin septembre 2026.

Des plaintes sans réponse

Peine perdue: de nombreux locataires se sont défendus, ont fondé une communauté d'intérêts et ont lancé des démarches juridiques. Certains d'entre eux sont passés par le processus de conciliation. Comme les locataires et les bailleurs n'ont pas réussi à trouver un terrain d'entente, la procédure se poursuit.

Jusqu'à présent, seules 60 locataires ont quitté leur logement. La majorité a décidé de rester, mais n'est pas satisfaite pour autant. Ils reprochent au propriétaire de laisser volontairement leur immeuble se détériorer. Ils n'ont pas de doute: «Notre bailleur veut nous faire partir.» Et d'ajouter: «Nous payons toujours le même loyer qu'auparavant. Nous attendons au minimum des conditions de logement normales.»

La pelouse et les buissons n'ont pas été tondus régulièrement. Une locataire a été incapable d'ouvrir sa fenêtre en été, des insectes comme des sauterelles s'engouffrant constamment dans son appartement. Les réclamations des locataires sont restées longtemps sans réponse. «On n'arrive à joindre personne par téléphone. Seules les demandes écrites reçoivent une réponse après un long moment», raconte une mère de famille, qui souhaite rester anonyme en raison de la procédure en cours.

Des dommages en série

Blick a visité les lieux. Nous avons constaté un grand trou béant dans le plafond d'un couloir devant les entrées des appartements, qui laissait échapper des gouttes et de la moisissure. A la mi-août, une partie du crépi du bâtiment se serait effritée. Aucune réparation n'a été effectuée jusqu'à présent.

Le ménage est également délaissé. «L'immeuble est laissé à l'abandon et on nous demande d'assumer des tâches supplémentaires», confient deux femmes. Thomas K.*, 57 ans, déplore lui aussi que le ménage ne soit plus fait depuis longtemps dans les parties communes.

En faisant le tour de la cave, le locataire Marco Y.*, 37 ans, raconte que le concierge est parti depuis un an. Depuis, «tout le monde fait ce qu'il veut», regrette l'homme. Les séchoirs sont sales et les aérations ne fonctionnent plus correctement. «Jamais je ne ferais sécher mes vêtements là-bas de mon plein gré», déclare le locataire, qui a installé sa propre machine à laver dans son appartement.

Sur la route devant le lotissement, il y a des nids de poule qui ne sont pas réparés, endommageant plusieurs voitures. Les locataires s'étonnent aussi que personne n'ait reçu de décompte de charges depuis environ deux ans.

Des nouveaux locataires pas toujours respectueux

Alessandra dal Bosco, 51 ans, a vécu sept ans dans la cité Vita. Elle fait partie des personnes qui ont décidé de déménager dans les délais impartis. Mais elle dénonce aujourd'hui une injustice: «J'ai dû partir pour cause de rénovation. Mais je viens d'apprendre que la gérance veut quand même louer l'appartement durant un an.» On lui a demandé de prendre en charge les coûts d'une nouvelle serrure et de la rénovation des murs. «Ce n'est pas juste. Je respecte les règles et je dois encore assumer des frais financiers.»

Quelques locataires intermédiaires ont déjà emménagé dans le complexe Vita. Depuis, tout part en vrille. «Personne n'explique les règles de la maison aux nouveaux», estiment des locataires de longue date. Ils en ont ras-le-bol que le système de lavage ne fonctionne plus, que la cave soit un dépotoir et que les dommages matériels se multiplient. Une mère de famille raconte même que quelqu'un a crevé les roues de sa poussette. «On ne se sent plus en sécurité ici.»

La propriétaire se défend

Interrogée par Blick, la régie immobilière Apleona Schweiz AG renvoie au propriétaire de l'immeuble, la Zurich Assurance. Celle-ci conteste le manque d'entretien régulier de l'immeuble. Elle assure que l'entreprise de nettoyage mandatée élimine chaque semaine les mégots jetés à terre, les déchets et les accumulations illégales d'objets encombrants – cela aux frais du propriétaire, bien que ceux-ci ne soient pas éliminés correctement par les locataires.

La Zurich Assurance assure que des dégâts tels que le trou dans le plafond ou les nids de poule dans les routes sont en cours de réparation. Et soutient prendre des mesures supplémentaires en cas de signalement de dysfonctionnements. «Nous accordons une grande importance à une communication transparente et ouverte, particulièrement dans des contextes sensibles comme une rénovation imminente», souligne le propriétaire de l'immeuble. 

Malgré tous ces dysfonctionnements, de nombreux locataires veulent rester à la Cité Vita. «On ne trouve pas quelque chose d'équivalent et d'abordable dans cet environnement formidable.» Leur souhait serait de pouvoir déménager le temps de la rénovation et d'y revenir, pour quelques centaines de francs de plus par mois. «Car c'est notre chez-nous depuis des années.»

* Noms connus de la rédaction

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