Service public en ligne restreint
La SSR et les éditeurs alémaniques signent un accord historique

Un accord historique entre la SSR et les éditeurs alémaniques limite l'offre en ligne du service public. La SSR se concentrera sur la radio et la TV, avec des textes limités à 2400 signes sur le web.
Publié: 10:01 heures
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Dernière mise à jour: 10:05 heures
La présidente de la ville de Berne, Marieke Kruit, lors de la 100e assemblée générale de la coopérative régionale SRG, le 10 mai 2025.
Photo: KEYSTONE
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ATS Agence télégraphique suisse

La SSR et l'association des éditeurs alémaniques (VSM) ont annoncé un accord de coopération qui prévoit une limitation des activités en ligne du média de service public. En échange, le VSM rejette l'initiative visant à réduire la redevance radio-TV à 200 francs.

Dans cet accord décrit comme une première, les médias privés et la SSR veulent «renforcer la confiance de la population et de la politique et protéger la diversité des médias", selon un communiqué publié jeudi juste avant l'ouverture du Swiss Media Forum à Lucerne, principal rendez-vous de la branche des médias en Suisse.

L'accord sera soumis à la Commission de la concurrence (Comco), pour un examen du point de vue du droit des cartels. Le TX Group, plus grand groupe de médias privés de Suisse, n'en fait pas partie, mais il continuera à participer aux discussions, précise le communiqué. L'association des éditeurs romands Médias Suisses et le pendant tessinois Stampa Svizzera pourraient aussi signer cette entente.

Images SSR pour les privés

L'accord reconnaît que l'offre en ligne revêt une importance «existentielle» pour la SSR, car c'est seulement avec ce support qu'elle pourra continuer de remplir son mandat de service public, constatent les parties.

Sur le web, la SSR se concentrera cependant encore davantage sur son coeur de métier, soit la radio et la TV. Ses textes y seront limités à 2400 signes. Elle renoncera aux suivis en continu de type «live-ticker» à l'occasion des compétitions sportives qu'elle diffuse en exclusivité. Lorsque cela aura du sens, elle renverra par des liens hypertexte vers des contenus de médias privés, afin d'augmenter le trafic sur leurs sites.

La SSR mettra à disposition des privés des images sans logo et sa technologie de streaming. Des contenus des groupes privés pourraient être accueillis sur sa nouvelle plateforme de streaming, baptisée provisoirement «PlayNext».

Pas de pub en ligne

Dans le domaine de la retransmission des compétitions sportives, la SSR se concentrera sur des contenus non couverts par les acteurs commerciaux. Elle pourrait aussi soumissionner pour des droits en partenariat avec des groupes privés, détaille encore le texte

La SSR continuera à faire l'impasse sur la publicité sur ses offres en ligne et utilisera des plateformes étrangères comme YouTube et Instagram uniquement de manière exceptionnelle. Elle investira une grande partie de son budget marketing en ligne chez les médias privés, donnant ainsi «un signal important en faveur du renforcement du marché publicitaire suisse», insiste le communiqué.

L'accord aborde également la question de l'intelligence artificielle (IA). La SSR se dit prête à bloquer l'exploitation de ses contenus par les plateformes d'IA, à condition que les principaux éditeurs fassent de même. Elle soutiendra par ailleurs les initiatives réglementaires du VSM pour la protection des contenus journalistiques dans le domaine des droits d'auteur (droits voisins et IA).

En contrepartie de ces concessions, le VSM se déclare favorable au financement de la SSR par la redevance. Les éditeurs alémaniques rejettent ainsi l'initiative «200 francs, ça suffit!», souligne le texte.

«200 francs ça suffit»

Les éditeurs ne sont toutefois pas unanimes. Mercredi, l'éditeur de Tamedia et président du TX Group, Pietro Supino, a soutenu dans une tribune publiée dans ses titres le texte visant à réduire drastiquement les moyens de la SSR.

Les activités radio et TV, coeur de métier de l'entreprise de service public inscrit dans la Constitution, pourraient être financées avec une redevance de 200 francs par ménage, a affirmé Pietro Supino.

Ajoutés aux 200 millions de recettes commerciales, les 600 millions de francs récoltés via la redevance seraient suffisants. Les coûts de production devraient être réduits mais il faut aussi tenir compte du fait que la population augmente en Suisse, a argumenté l'éditeur zurichois. La somme à disposition de la SSR dépasserait malgré tout le budget dans le domaine des médias des groupes Tamedia et CH Media réunis.

Défendue par l'UDC, l'Union suisse des arts et métiers (USAM) et les Jeunes PLR, le texte veut faire passer la redevance de 335 à 200 francs par an et exonérer toutes les entreprises. Le Conseil fédéral, qui rejette l'initiative, propose de faire passer la redevance à 300 francs d'ici 2029. Cela contraindra la SSR à économiser quelque 270 millions de francs d'ici là.

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