La redevance radio-TV fait des heureux… mais pas du côté des contribuables. En 2024, l’entreprise Serafe AG, chargée de collecter les 335 francs chez chaque ménage suisse, a versé 6 millions de dividendes à sa société mère Secon AG. Le principal bénéficiaire? L'entrepreneur vaudois Cédric Moret, multimillionnaire discret et membre du conseil d’administration de Migros, rapporte la «Neue Zürcher Zeitung» le 24 mai dernier.
Propriétaire du groupe Elca, Cédric Moret détient 63,5% de Secon AG. Selon la «NZZ», il profite directement des bénéfices de Serafe, dont le résultat net a été multiplié par six depuis 2019.
Explosion du chiffre d'affaires
Pour beaucoup de contribuables, c’est une «taxe forcée» devenue encore plus difficile à accepter depuis que Blick a révélé le 5 mai dernier que Serafe avait lancé plus de 112'000 poursuites en 2024 — deux fois plus qu’en 2023. Chaque relance rapporte 5 francs à Serafe, chaque poursuite 20. Pour Cédric Moret et ses associés, la collecte de la redevance est donc un business lucratif.
Depuis sa création en 2019, Serafe a vu son chiffre d’affaires grimper de 19,2 à 24,4 millions de francs, et son bénéfice net être multiplié par six: passant de 0,9 million à 5,9 millions de francs en 2024. Officiellement, l’entreprise affirme avoir réduit les coûts par rapport à Billag, son prédécesseur. Mais ces chiffres restent invérifiables: Billag, filiale de Swisscom, n’était pas obligée de publier ses comptes.
Dans plusieurs pays européens – la Norvège, la Suède, la Finlande et le Danemark, la redevance a été remplacée par un impôt, supprimant les profits privés, favorisant ainsi la liberté de la presse. La Suisse, elle, tient à son système.