Les produits suisses semblent plus prisés que jamais à l’étranger. Ces derniers mois, les exportations de marchandises ont battu record sur record. Durant les trois premiers mois de l’année, elles ont atteint 74,1 milliards de francs, tandis que les importations s’élevaient à 60,5 milliards, selon les chiffres de l’Office fédéral de la sécurité douanière et des frontières (OFDF).
Résultat? Un excédent commercial de 13,6 milliards de francs. La raison est simple, selon Tim Reinicke, du Centre de recherches conjoncturelles de l’EPFZ (KOF): «Par crainte des droits de douane américains, les entreprises ont expédié leurs produits en très grande quantité et aussi vite que possible.»
Ce sont surtout les géants de la chimie et de la pharma qui ont propulsé ces exportations record, remplissant à ras bord les entrepôts américains. Les exportations horlogères, elles, ont légèrement progressé, malgré une demande en recul. Au total, les livraisons vers les États-Unis ont encore bondi de 17,4% après un trimestre déjà exceptionnel.
Des effets exceptionnels à double tranchant
Les exportations de marchandises étant cycliques, les entreprises concentrent souvent leurs livraisons sur certaines périodes. En pleine guerre commerciale, ce phénomène s’est accentué. «La Suisse exportera donc moins durant les trois prochains mois. L’excédent commercial devrait chuter fortement», prévient Tim Reinicke.
Mais selon l’économiste, pas de raison de s’alarmer. Une fois les stocks étrangers épuisés, les exportations repartiront à la hausse. «Même si les droits de douane auront un impact négatif à long terme sur le commerce suisse, les livraisons anticipées pourraient faire grimper la croissance des exportations en 2025 au-delà de nos prévisions de l’an dernier.» La Suisse pourrait ainsi battre un nouveau record malgré le contexte protectionniste américain.