Denner a rompu ses relations commerciales avec Coca-Cola Suisse. Son nouveau directeur, Torsten Friedrich, a expliqué dans une grande interview accordée à Blick que l’enseigne n’achetait actuellement plus aucune boisson auprès du site suisse de Coca-Cola, basé à Brüttisellen, dans le canton de Zurich.
En lieu et place, le discounter importe désormais du Coca-Cola, du Sprite et du Fanta depuis l’étranger, estimant les prix suisses trop élevés. «Nous n’avons pas renouvelé nos commandes auprès de l’embouteilleur suisse. Nous importons les sodas d’autres pays européens à des prix plus avantageux», déclarait-il.
Migros, de son côté, entretient également des relations tendues avec le géant américain. Le géant orange juge le prix d’achat exigé par Coca-Cola excessif. Résultat: depuis le début de l’année, Fanta et Sprite ont disparu de ses rayons. Migros importe par ailleurs des canettes de la boisson énergisante Monster (également produite par Coca-Cola) depuis l’Allemagne. Un moyen l'enseigne helvétique de faire pression dans les négociations.
Du soda turc à la place de Sprite et Fanta
Les rayons de Migros, qui affichaient en janvier un message informant les clients d’une rupture de stock liée à des négociations avec le fournisseur, sont désormais réapprovisionnés. A Zurich Stadelhofen, ce sont deux boissons gazeuses turques de la marque Uludag Gazoz, produites à Bursa, qui occupent désormais la place laissée vacante par Sprite et Fanta. Une alternative inattendue qui pourrait ne pas plaire à Coca-Cola.
A première vue, ces sodas turcs ressemblent à du Fanta et du Sprite. Un geste fort, presque une provocation. Pourtant, Migros reste diplomate. «Ces boissons font partie de notre assortiment depuis plus de dix ans. Elles s’adressent à une clientèle spécifique d’origine turque et ne peuvent être comparées directement à Sprite ou Fanta», précise une porte-parole. Le CEO de Migros, Mario Irminger, n’en est pas à sa première confrontation avec Coca-Cola. En 2014 déjà, alors qu’il dirigeait Denner, il avait mené un bras de fer similaire avec la multinationale.
Contrairement à Denner, Migros n’a pas quitté la table des négociations. «Les discussions avec le producteur suisse de Coca-Cola sont toujours en cours», indique sa porte-parole. Migros privilégie la voie du dialogue, mais explore en parallèle d’autres pistes, notamment pour l’approvisionnement de la boisson Monster. «Les importations parallèles entraînent toutefois des charges logistiques et administratives supplémentaires. Pour des raisons économiques et écologiques, ce n’est pas une solution durable», précise-t-elle, tout en laissant la porte ouverte à une éventuelle entente.
Discrétion de Coca-Cola
Et que dit Coca-Cola de la guerre des prix avec Migros et Denner? Interrogée par Blick, la multinationale américaine se montre diplomate et évite tout commentaire polémique. «Le groupe Migros est un partenaire de longue date que nous apprécions beaucoup. Nous collaborons avec succès depuis de nombreuses années pour fournir nos produits aux consommateurs suisses», répond un porte-parole de la marque.
Il souligne également l’ancrage local de l’entreprise: «Plus de 80 % des produits consommés en Suisse sont fabriqués sur place, par nos 650 collaborateurs, dans nos sites de Brüttisellen/Dietlikon (ZH) et Vals (GR). Nous contribuons à hauteur de plus de 800 millions de francs à la valeur ajoutée nationale. 95% de nos ingrédients sont d’origine suisse.» Aucune mention, toutefois, du boycott de Denner ni des tensions tarifaires avec Migros.