Imaginez, c'est une journée ensoleillée au bord du Léman, à Lausanne, dans le quartier de Vidy. Vous voulez piquer une tête. Vous allez aux toilettes publiques, pour enfiler votre maillot de bain. Vous commencez à vous déshabiller, lorsque, soudain, vous vous rendez compte que quelqu'un est en train de vous filmer avec son smartphone, sous la porte.
C'est ce qui est arrivé à Marie*, une jeune femme de 26 ans qui a souhaité rester anonyme, mais qui a bien voulu raconter sa mésaventure à Blick — après que nous avons simplement relaté l'incident dans un premier article. Nous sommes le mercredi 19 juin, il est environ 14h30.
Marie, qui travaille dans la petite enfance, vient d'arriver à Vidy. Elle raconte: «Je suis avec un groupe de petits, à ce moment-là. Je passe aux toilettes pour mettre mon maillot de bain. J'entre, je ferme la porte, et je commence à me déshabiller.» En fait, c'est grâce à une autre femme qui passait par là, que Marie a pu se rendre compte qu'elle n'était pas complètement seule dans les WC, si on peut dire.
«Quelques instants après avoir fermé la porte, j'ai entendu une femme crier quelque chose, juste devant. Elle demandait 'il y a quelqu'un'?» Puis, une seconde fois: «Il y a quelqu'un? Car il y a un homme en train de filmer sous la porte des toilettes!» Là, l'homme serait parti en courant, avant que Marie n'ait le temps d'ouvrir la porte des toilettes.
Course-poursuite ratée
Une fois Marie dehors, l'autre femme lui explique qu'elle a pris l'individu en flagrant délit: il était en effet accroupi, en train de prendre des images de Marie sans son autorisation, en passant son téléphone sous la porte — il y a un assez grand espace, entre cette dernière et le sol.
La passante livre une brève description du pervers à Marie: entre 30 et 40 ans, une coupe au carré, avec des cheveux lisses, et puis une moustache. Puis, elle lui indique par où il a pris la fuite, «en direction de la forêt!» Marie explique: «En réalité, tout s'est passé extrêmement vite. Sans trop se poser de questions, on a commencé à courir toutes les deux dans sa direction, pour essayer de le rattraper...»
C'est peine perdue, l'individu s'était déjà évaporé. «Sur le moment, j'étais sous le choc. Je me suis mise à pleurer. Puis, j'ai dû retourner auprès des enfants et faire comme si de rien n'était...» Après la course-poursuite ratée, Marie appelle direct le 117.
Mauvaise prise en charge
Et, là, c'est un peu la double peine: «Lorsque j'ai appelé la police, dans la foulée, ils m'ont dit qu'ils ne pouvaient rien faire pour moi dans l'immédiat, et que je devais simplement aller déposer plainte au poste à l'occasion, si je voulais... Je ne me suis vraiment pas sentie écoutée, sur le moment. Ensuite, j'ai en effet été déposer plainte, et je sais qu'ils cherchent actuellement à mettre la main sur cet homme.»
Confrontée à ces reproches, la police cantonale vaudoise, dont l'un des agents a de toute évidence pris l'appel de Marie, fait son mea culpa: «Il semble en effet que la prise en charge (ndlr: de Marie) n’ait pas été effectuée de manière adéquate et nous le regrettons. Des mesures seront prises afin d’apporter des améliorations dans ce type de situation.»
En effet, quelqu'un aurait dû, en réalité, être dépêché sur place: «L’opérateur qui reçoit un appel de ce type doit identifier la personne appelante, prendre des renseignements sur les circonstances de l’événement et déclencher les mesures qui lui semblent nécessaire. Dans ce cas précis, l’engagement d’une patrouille de police aurait été indiqué afin de recueillir des premiers éléments sur place, à minima.»
La police vaudoise précise encore que son entité de gestion des doléances a été informée du manquement, et «prendra contact avec la plaignante pour gérer la situation». À noter que deux autres plaintes ont été déposées contre le «pervers» de Vidy, quelques jours avant celle de Marie, indiquent les forces de l'ordre.
*Identité connue de la rédaction.