Un autre pays voisin est en crise et l'industrie suisse s'en serait bien passée! La France est l'un de nos principaux partenaires commerciaux et son blocage politique complet paralyse désormais son économie. Elle ne devrait croître que de 0,6% en 2025, un taux que de nombreux observateurs jugent «inférieur à la moyenne».
L'industrie technologique suisse en ressent particulièrement les effets, déjà pénalisée par les droits de douane américains de 39% et la reprise beaucoup trop lente en Allemagne. Si ces deux marchés sont les plus importants pour la Suisse, la France, quatrième marché, revêt également une certaine importance pour l'industrie. «L'instabilité politique ne favorise pas les investissements en France», déclare Jean-Philippe Kohl, vice-directeur et responsable de la politique économique de l'association professionnelle Swissmem. «En tant qu'exportateurs de biens d'équipement vers la France, nous en ressentirons clairement les effets.»
Les exportations dégringolent
En effet, les biens d'équipement sont principalement achetés lorsque les entreprises croient à une reprise économique et ont besoin de nouvelles machines pour y prendre part. Ce n'est pas exactement le cas en France actuellement. Les statistiques d'exportation vers notre voisin montrent déjà des premiers signes d'un ralentissement: «Au premier trimestre, les exportations sont restées positives, alors qu'au deuxième trimestre, les exportations vers la France ont diminué de 4,3% par rapport au même trimestre de l'année précédente», explique Jean-Philippe Kohl. Compte tenu de la crise politique actuelle, ce déclin devrait s'accentuer au cours des prochains trimestres.
Johannes von Mandach, économiste chez Wellershoff & Partners, reconnaît lui aussi l'importance de la France pour l'économie suisse: «Il suffirait que le blocage politique soit levé pour qu'il soit possible d'adopter un budget raisonnable.» Pour le moment, c'est de la musique d'avenir. Seulement voilà: «La situation politique déprime les gens, le moral des consommateurs en France est nettement inférieur à la moyenne.»
Une bombe à retardement
Cette morosité frappe durement deux autres secteurs suisses: l'agriculture et le tourisme. En effet, la viande suisse fait partie des principaux produits d'exportation vers la France. En parallèle, tant que les consommateurs ignorent si le pays parviendra à maîtriser sa dette, ils hésiteront certainement à venir visiter la Suisse – un pays voisin, mais aussi cher – le temps d'un weekend prolongé.
La dette française est une bombe à retardement: le pays affiche le troisième taux d'endettement le plus élevé de l'Union européenne (UE) en termes de performance économique, après la Grèce et l'Italie. «Le problème réside dans le désaccord politique sur la manière dont la France pourrait se libérer de sa dette», explique Fredy Hasenmaile. Même si nous n'en sommes pas encore là, le «spectre d'une nouvelle crise de la dette de l'euro» se dessine, selon l'économiste en chef de Raiffeisen.
Et le scénario suivant risque alors se produire: si la dette française explose, l'euro, encore assez stable, sera affaibli: «Cela conduira probablement à une appréciation massive du franc suisse, le fardeau bien connu sur les exportations suisses vers la zone euro», souligne Jean-Philippe Kohl.