Etude exclusive sur l'AVS
Les Suisses veulent pouvoir choisir quand partir à la retraite

Selon une étude Deloitte, la majorité des Suisses désire plus de liberté pour choisir l'âge de la retraite. Les réformes de l'AVS proposées jusqu'à présent, notamment la hausse des cotisations, sont peu populaires.
Publié: 06:29 heures
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Une large majorité des sondés se dit réticents face aux réformes de l'AVS proposées jusqu'à maintenant (image d'illustration).
Photo: CHRISTIAN BEUTLER
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ATS Agence télégraphique suisse

Près des deux tiers de la population suisse souhaite avoir plus de liberté pour choisir l'âge de sa retraite, selon une enquête de Deloitte Suisse. Une large majorité des sondés se dit aussi réticents face aux réformes de l'AVS proposées jusqu'à maintenant.

Le cabinet d'audit et de conseil indique mardi dans un communiqué que 68% des personnes sondées préféreraient décider elles-mêmes de l’âge de leur départ à la retraite plutôt que d’être soumises à une limite de 65 ans. La population helvétique «aspire à plus de liberté plutôt qu’à des limites d’âge rigides et attend un financement durable de la prévoyance», note Reto Savoia, le président-directeur général de Deloitte Suisse. Les gens sont prêts pour de nouvelles approches.

L'étude propose ainsi une flexibilisation accrue de l’âge de la retraite. A l’avenir, chaque personne devrait pouvoir décider elle-même de l’âge de son départ à la retraite, en fonction de critères tels que l’état de santé, la situation financière et les projets de vie individuels.

Changement de mentalité

Ce modèle prévoirait un âge de départ à la retraite minimum et des majorations ou des réductions en conséquence. Les retraites tardives seraient ainsi récompensées par des rentes plus élevées, soulignent les auteurs de l'enquête.

La plupart du temps, les gens qui peuvent décider librement de leur départ à la retraite pensent plus facilement à la préparation de leur prévoyance. Cette flexibilisation pourrait entrainer une augmentation de la part des personnes susceptibles et désireuses de rester dans la vie active. De quoi apporter ainsi une réponse à la pénurie croissante de main-d’oeuvre qualifiée due à l’évolution démographique, indique l'enquête.

Reto Savoia estime que «l'emploi des seniors doit devenir une option attrayante et réaliste». Pour lui, la réussite de ce modèle passe par un changement dans les entreprises et une plus grande reconnaissance des collaboratrices et collaborateurs seniors.

Doubler le fond

Une majorité relative des sondés (44%) défend l’idée d’une hausse des contributions fédérales à l'AVS. Dans ce contexte, Deloitte propose donc une augmentation de ces dernières. Ces contributions fédérales doivent par contre être temporaires et ciblées afin d'offrir une solution «durable et judicieuse», précisent les auteurs de l'étude.

La troisième et dernière option de réforme concerne le renforcement du financement des trois piliers par le marché des capitaux. Pour l'AVS, Deloitte propose de passer par des placements des ressources issues de l’augmentation du fonds. Aujourd'hui, le financement du premier pilier repose presque uniquement sur le fait que les recettes issues des cotisations salariales et des contributions fédérales sont directement affectées au versement des rentes en cours.

Selon l'enquête, un doublement du fond existant, qui passerait ainsi de près de 50 milliards de francs à 100 milliards de francs, suffirait pour combler une grande partie du déficit de financement attendu à l’horizon 2040. L'opération serait financée par des cotisations annuelles jusqu'en 2035, indique les auteurs.

Une réforme qui convient la majorité des personnes interrogées (53%). Pour le deuxième pilier, Deloitte propose l’abaissement du seuil d’accès, ainsi qu'une hausse des rendements et une individualisation renforcée. Quant au troisième, il préconise un relèvement des cotisations et des investissements renforcés sur le marché des capitaux.

Hausse de la TVA rejetée

Les auteurs estiment que l'enquête envoie «un signal clair» aux responsables politiques: les réformes de l’AVS dans le sens d’une augmentation des charges financières ne recueillent que peu d’adhésion. La hausse des cotisations salariale est rejetée par une majorité relative de 49% des sondés.

Il en va de même pour la hausse de la taxe sur la valeur ajoutée qui ne convainc pas 65% des personnes interrogées. Le verdict est encore plus clair en ce qui concerne les réductions des rentes: plus des trois quarts de la population y sont opposés. Ce rejet de nouvelles charges salariales ou fiscales traduit clairement «le besoin de réformes qui soient économiquement judicieuses et qui aillent dans le sens de l’équité intergénérationnelle», affirme Reto Savoia.

Cette étude Deloitte a été menée en février 2025 dans le cadre de la série d’études «Le vieillissement de la Suisse». Elle repose sur diverses données et sur une enquête en ligne menée auprès de 1000 personnes sur l’ensemble du territoire suisse.

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