Employée au noir à Zurich
Pour du ménage non déclaré, cette Ukrainienne finit au poste et reçoit une amende de 3000 francs

Elle a fui la guerre et voulait commencer une nouvelle vie à Zurich. Mais les projets de cette Ukrainienne ont été stoppés net. Tout ça pour une affaire de ménage non déclaré, qui la conduira au poste de police et déclenchera une procédure pénale contre elle.
Publié: 19.07.2024 à 14:12 heures
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Kateryna M.* a fui la guerre en Ukraine et vit depuis deux ans à Zurich. Grâce au statut de protection S, elle pourrait donc travailler, mais son employeur doit pour cela demander un permis de travail spécial au canton. Ce que Kateryna M ne sait que depuis peu.
Photo: zVg
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Gina Krückl

Kateryna M.* a grandi en Ukraine et s'est réfugiée en Suisse à cause de la guerre. Depuis deux ans, elle vit à Zurich avec son mari et apprend l'allemand pour trouver un emploi grâce à son statut de protection S.

Mais pour toute embauche, son employeur doit demander un permis de travail spécial au canton. Or «personne dans mon entourage ne savait qu'il fallait un permis supplémentaire», explique Kateryna M. L'Ukrainienne en a rapidement fait les frais.

Elle propose de faire le ménage et finit au poste de police

Pour s'occuper et pratiquer l'allemand le plus souvent l'allemand, Kateryna M. a voulu aider une connaissance à faire le ménage en octobre 2023.

Mais lorsqu'elle s'est rendu pour la première fois chez ladite connaissance, elle a été arrêtée: «Je n'avais même pas encore commencé à nettoyer que la police est arrivée», raconte l'Ukrainienne. «Je leur ai dit ce que je faisais ici. Je ne savais pas que c'était illégal.»

L'arrestation a été pour elle «un choc»: «Je ne comprenais pas ce que j'avais fait de mal. D'ailleurs, je ne comprends toujours pas». D'autant plus qu'avec l'arrestation, l'Ukrainienne n'a pas reçu le «salaire» promis; un petit déjeuner.

Elle doit payer 3000 francs... sans avoir de travail

L'Ukrainienne se dit aujourd'hui traumatisée par le traitement que lui a réservé la police. «J'ai dû me déshabiller et ils m'ont pris toutes mes affaires».

Pendant cinq heures, les agents de police l'auraient retenue au poste de police et interrogée. «Ils m'ont menacée de prison si je mentais». Selon l'Ukrainienne, les policiers auraient également évoqué une possible expulsion pour activité au noir.

«J'avais tellement peur» confie aujourd'hui Kateryna M. L'Ukrainienne a eu la boule au ventre pendant neuf mois. Jusqu'à ce qu'elle reçoive la semaine dernière l'ordonnance pénale du Ministère public, qui l'a condamnée à une peine avec sursis de 60 jours-amende à 30 francs. Elle devra en outre payer les frais de procédure de plus de 1200 francs.

«Comment cela peut-il être contraire à la loi?»

Kateryna M. a toujours peur. Peur de perdre ce qu'elle a si difficilement construit ici.

Mais la colère s'est désormais mêlée à cette peur: «Comment cela peut-il être contre la loi que j'aide quelqu'un à faire le ménage en échange d'un déjeuner? Est-ce que cela justifie que l'on me traite comme une criminelle, comme si j'avais tué quelqu'un?» L'Ukrainienne a décidé de s'opposer à l'ordonnance pénale.

Interrogé par Blick, le service de presse du Ministère public zurichois confirme la procédure pénale lancée contre Kateryna M. pour activité lucrative sans permis de travail.

L'autorité refuse de donner plus d'informations. L'ordonnance pénale n'étant pas encore entrée en vigueur, la présomption d'innocence s'applique. Interrogée, la police cantonale zurichoise se contente, elle, d'écrire qu'elle a agi dans le cadre du code de procédure pénale.

* Nom modifié

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