La querelle autour de la dénomination «Emmental» devient de plus en plus matière à débat. Et elle est désormais passée à la vitesse supérieure. La Commission européenne a décidé de ne pas donner raison à la Suisse: les pays européens pourront continuer à utiliser cette appellation. Mais la Suisse ne se laisse pas faire et a déposé un recours auprès de la Cour de justice de l’Union européenne pour protéger son fromage originaire de la région de l’Emmental, dans le canton de Berne.
La Commission européenne ainsi que des pays comme l'Allemagne, la France, les Pays-Bas et la Pologne avancent tous des arguments similaires. L'Emmental est depuis longtemps un terme utilisé de manière générale et ne doit pas être attribué exclusivement à une région. Cette alliance reçoit désormais le soutien de l'Autriche, comme le rapporte le «Kronen Zeitung».
13'700 tonnes d'Emmental produites en Autriche
Le fromage Emmental est aussi un classique en Autriche. Depuis les années 1930, ce fromage à pâte dure, parsemé de gros trous, est produit à grande échelle. Plus de 13'700 tonnes ont été produites rien qu'en 2023. Pour les Autrichiens, l'Emmental est depuis longtemps un terme générique et non une origine protégée.
Le ministre de l'Agriculture Norbert Totschnig a introduit l'Autriche dans la procédure devant le Tribunal européen de Luxembourg en tant que partie intervenante. «Il s'agit d'emplois, de création de valeur dans les zones rurales et de sécurité juridique pour nos exploitations», affirme-t-il. Une réserve sur cette appellation en faveur de la Suisse aurait des répercussions catastrophiques pour les paysans et les fabricants de fromage européens.
«La guerre du fromage» autour de l'Emmental
Le journal «Kronen Zeitung» parle même d'une «guerre du fromage» autour de l'Emmental. En effet, si le terme «Emmental» était protégé, cela aurait des conséquences importantes pour les producteurs et productrices des pays voisins. Le fromage ne pourrait plus être vendu tel que «Emmental autrichien».
Une décision pourrait avoir un effet rétroactif, jusqu'à cinq ans en arrière. Cela mettrait de nombreuses fromageries dans l'embarras. Une décision devrait être prise dans les prochains mois.