«Je n'aurais pas survécu»
Une senior est criblée de dettes après son hémorragie cérébrale

Après une hémorragie cérébrale, Pia Hasler se bat pour retrouver sa vie. Mais alors que son corps se rétablit lentement, ses factures, ses dettes son quotidien la dépassent et elle perd pied dans ce chaos.
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Pia Hasler est financièrement au plus bas.
Photo: Helena Graf
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Helena Graf

Pia Hasler ne peut s'empêcher de pleurer lorsqu'elle repense à l'année dernière. Sa voix se brise, elle a du mal à respirer et cherche ses mots. Son cerveau a effacé de sa mémoire certains évènements qui ont duré pendant des semaines, comme son dernier Noël. Ou encore le moment où elle s'est effondrée et sa réaction lorsqu'elle s'est réveillée.

Le 26 décembre 2024, Pia est victime d'une hémorragie cérébrale. Elle s'effondre devant la porte de son appartement à Stein (AG).

«Je n'aurais pas survécu»

Lorsqu'elle reprend connaissance, elle trouve un sac poubelle posé à côté d'elle. «Apparemment, je voulais sortir les poubelles», devine-t-elle, «c'est ce que l'on m'a dit. Je ne m'en souviens plus.» Un voisin découvre la scène et appelle les secours. L'ambulance arrive et la Rega aussi: «Sans l'hélicoptère, je n'aurais pas survécu, selon mes médecins», soupire Pia.

Elle est opérée d'urgence à l'Hôpital universitaire de Bâle. On lui implante une puce dans la tête, derrière l'oreille. Cette puce enregistre les moindres changements dans le cerveau et les médecins la consultent régulièrement pour détecter une éventuelle hémorragie. 

Après son opération, Pia se rend en rééducation à Rheinfelden (AG). Peu à peu, elle retrouve la parole, la mémoire et ses sentiments. Elle ne garde plus qu'un grand trou de mémoire causé par son hémorragie cérébrale.

«Tout était trop dur»

Fin février 2025, elle peut rentrer chez elle. Elle reprend vite ses marques dans sa vie quotidienne, peut-être un peu trop rapidement. Le courrier s'est empilé dans sa boîte aux lettres, provenant d'expéditeurs qu'elle ne connaît pas. Elle doit relire plusieurs fois certaines de ces lettres, des factures, qu'elle ne comprend pas. «Je n'étais pas encore en forme», dit-elle, «tout était trop dur».

Pia vit seule. Ses parents sont morts et son frère aussi. Elle n'a pas fondé de famille. Il n'y a personne pour l'aider à consulter son courrier, ni l'aider à prioriser les factures. 

Elle risque l'expulsion

Elle nous explique que beaucoup de transfert sur son compte se font automatiquement, comme le versement de sa pension et ses factures prélevées tous les mois. «Mais il n'y avait plus d'argent sur mon compte», explique-t-elle.

Les factures de sa caisse-maladie sont devenues plus élevées après son hémorragie cérébrale. L'assurance de base ne prend généralement en charge que la moitié des frais d'une intervention de la Rega.

Pia croule sous les dettes. Sa caisse-maladie prononce une suspension des prestations. En d'autres termes, elle ne paie plus qu'en cas d'extrême urgence. «Maintenant, je ne peux plus aller chez le médecin», dit-elle en sanglotant. Elle ne peut plus payer son appartement et son propriétaire menace de l'expulser d'ici la fin du mois.

«J'aimerais m'acheter un pantalon»

Ses voisins sont son seul soutien. Ils lui apportent de la nourriture, parfois un peu d'argent en liquide. «J'ai perdu beaucoup d'appétit», dit-elle, «mais j'aimerais bien m'acheter un nouveau pantalon».

Elle fait le ménage dans des chambres pour un foyer et gagner un peu plus d'argent. Mais il lui reste encore des milliers de francs de factures à payer. Quand Pia repense à l'année passée, elle est heureuse d'avoir survécu. Elle prend chaque jour comme il vient et espère qu'elle parviendra à régler ses dettes.

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