L'hôtel Bellevue au Lac, situé à Hilterfingen (BE) sur les rives du lac de Thoune, a vu passer beaucoup de monde en 100 ans d'histoire. Ouvert en 1924, il était l'un des derniers hôtels somptueux construits à l'apogée du tourisme helvétique. Mais cette perle de la Belle Epoque a pris de l'âge: les chambres sont vétustes, petites, elles ne répondent plus aux exigences de sa clientèle aisée habituelle. En matière de bien-être également, l'hôtel est tout au plus dans la moyenne.
Le Bellevue du Lac partage ce sort avec de nombreux autres établissements en Suisse. Par exemple, le Parkhotel d'Oberhofen – aussi situé dans le canton de Berne – et ses 36 chambres sont vides. L'avenir de cet établissement quatre étoiles est incertain et une transformation en appartements de luxe semble probable. A moins qu'au dernier moment, un investisseur au portefeuille bien garni ne vienne au secours de l'établissement.
Où est passé le cochon?
C'est ce qui s'est passé à Hilterfingen. Une société immobilière des Emirats arabes unis a racheté l'hôtel. Après une discrète rénovation, l'hôtel a rouvert ses portes. Depuis, une véritable fronde s'est formée dans le petit village de l'Oberland bernois. Les locaux boycottent le restaurant de l'hôtel, comme le rapporte la SRF-Rundschau.
La raison? Les nouveaux propriétaires ont radicalement modifié la carte des plats et des boissons: il n'y a plus d'alcool, ni de viande de porc. Un changement qui a fait bondir plus d'un Bernois. Dans les commentaires Google de l'établissement, l'indignation est visible: «Attention, c'est un hôtel halal», «On cherche en vain l'alcool sur la carte», «Ils ne servent que de la charcuterie de volaille avariée»... Beaucoup s'offusquent en outre de ne pas avoir été informés à l'entrée du restaurant que l'alcool, le tabac et la viande de porc sont proscrits dans l'hôtel.
Un représentant de l'investisseur s'en défend auprès de la SRF: «Nous ne hissons pas d'autres drapeaux que celui de la Suisse. Nous misons sur des produits sains et de qualité, sans motif religieux». Il défend aussi le droit de ne pas forcément proposer d'alcool. «Si quelqu'un veut boire, nous ne sommes tout simplement pas le bon choix.» Malgré la grogne populaire, l'hôtel Bellevue au Lac – qui compte aujourd'hui trois étoiles – compte bien jouer dans la cour du luxe. Mais avec quel chef? Le flou demeure, car selon la SRF, le directeur de l'hôtel aurait démissionné.