Depuis l'interdiction de l'avortement
65'000 Américaines violées ont mené à terme leur grossesse

Une étude révèle que 65'000 Américaines ont poursuivi leur grossesse après un viol dans les Etats ayant interdit l'IVG. Très peu ont réussi à avorter de façon légale.
Publié: 26.01.2024 à 18:03 heures
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Dernière mise à jour: 26.01.2024 à 19:08 heures
La fin du droit constitutionnel à l'interruption volontaire de grossesse (IVG) le 24 juin 2022 par la Cour suprême des Etats-Unis avait donné lieu à de nombreuses manifestations.
Photo: DUKAS
Solène Monney

Depuis l'annulation de l'arrêt Roe c. Wade par la Cour suprême des Etats-Unis le 24 juin 2022, 14 Etats ont interdit ou réduit l'accès à l'avortement. Et les conséquences ne se font pas attendre: sur les 520'000 femmes violées sur ces territoires, 64'565 ont été forcées de mener à terme leur grossesse.

Ces chiffres proviennent d'une étude américaine publiée mercredi dans la revue médicale JAMA International Medicine. Les chercheurs ont récolté des données allant de juin 2022 jusqu'à début janvier 2024.

L'étude révèle également que les dérogations pour viol, appliquées dans quatre Etats sur les 14, sont inefficaces. Seuls dix avortements légaux ont été autorisés. 

Des législateurs déconnectés

Les législateurs militants pour l'interdiction de l'avortement semblent parfois ne pas être très au courant des risques de grossesse après un viol. Comme le rappel le Huffpost, le Républicain Todd Akin a déclaré en 2012: «S'il s'agit d'un véritable viol, le corps féminin a les moyens d'essayer de mettre fin à tout cela.»

Quatre ans plus tard, c'est au tour d'un autre Républicain Pete Nielsen de renchérir: «Je crois comprendre que dans de nombreux cas de viol, il n'y a pas de grossesse à cause du traumatisme de l'accident.»

Une étude limitée faute de mieux

Pour arriver au chiffre de 65'565 grossesses liées à des viols, les chercheurs se sont appuyés sur les données gouvernementales estimant le nombre de viols avec pénétration vaginale, soit 519'981. Ils ont ensuite calculé que 12,5% de ces cas aboutissaient à une grossesse.

Les auteurs de l'étude sont transparents: leur estimation a des limites. «C'est en quelque sorte le mieux que nous puissions faire», explique au micro de la National Public Radio, Samuel Dickman directeur de l'étude. Il précise ensuite que les chiffres sont difficiles à obtenir, car il n'existe aucune statistique sur le sujet.

Samuel Dickman est également plaignant dans de nombreux procès contestant l'accès à l'avortement dans l'Etat du Montana. Il souhaite mettre en lumière l'inefficacité des dérogations. Le directeur de l'étude conclut en soulignant que très peu, voire aucune femme n'a réussi à avorter à la suite d'un viol alors que cette exception est prévue dans quatre Etats. Cette situation suggère, selon lui, que ces restrictions ne parviennent pas à fournir «un accès raisonnable à l'avortement aux survivantes».

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