Entre 150'000 et 200'000 francs: c'est ce que devrait coûter à la Confédération la visite d'État d'Emmanuel Macron, 45 ans, et de son épouse Brigitte, 70 ans, tous deux attendus vers 14 heures à Berne. Leur programme n'est pourtant pas exceptionnel. Pas de virée alpine. Pas d'escale dans un restaurant comme l'avait fait François Mitterrand en 1983 à Neuchâtel.
Le programme? Berne ce mercredi pour les honneurs protocolaires (14h45), une allocution sous la coupole du Palais fédéral (15h10) puis la rencontre avec le Conseil fédéral (15h45), une conférence de presse (17h), une rencontre avec la communauté française (18 heures) et un diner à l'hôtel Bernerhof (20h). Puis Lausanne et Genève jeudi, avec une rencontre à l'université sous le signe de l'Europe, précédée d'une visite de la Fondation Jean Monnet, puis une visite au Centre européen de recherche nucléaire (CERN). Alors? Circulez, il n'y a rien à voir. Pas sûr. Car d'autres détails comptent.
Le budget mobilisé par la Suisse d'abord. «Une visite d'Etat coûte en général entre 150'000 et 200'000 francs» explique le Département fédéral des Affaires étrangères (DFAE) à Blick. Ces frais sont pris en charge par la Confédération. On peut supposer que la visite de Macron sera plus chère. En effet, les mesures de sécurité sont actuellement plutôt plus importantes. Et l'inflation devrait également faire grimper les coûts. La visite éclair n'est pas non plus gratuite pour l'État hôte, la France: elle doit par exemple payer le voyage aller et retour ainsi que l'hébergement du personnel.
Menu validé par la Confédération
Macron et son entourage d'une quarantaine de personnes arriveront en avion mercredi en début d'après-midi. Quel appareil vont-ils emprunter? La France fait habituellement confiance, pour ses déplacements en Europe, au Falcon 7X de Dassault, un jet privé d’une taille plus raisonnable que l'Airbus A330 présidentiel.
Un certain nombre d'invités français seront à bord, notamment des CEO tels le magnat des Télécoms Xavier Niel (dont le groupe NJJ possède l'opérateur téléphonique suisse Salt) ou le président du constructeur automobile Stellantis John Elkann, de même que Pieyre-Alexandre Anglade, président de la Commission des Affaires européennes de l’Assemblée nationale, Christophe Grudler, député européen et rapporteur permanent Renew sur la Suisse, Marc Ferracci, député des Français de Suisse. D'autres sont venus en train comme Jean-Marie Bockel, ancien ministre, ancien maire de Mulhouse et ancien sénateur du Haut-Rhin. Le programme (séparé) de Brigitte Macron n'a en revanche pas été communiqué.
Le soir: environ 80 personnes sont invitées à la table, outre les Français et nos conseillers fédéraux, par exemple les présidents des commissions de politique extérieure du Conseil national et du Conseil des États.
Le plan des menus sera validé par le président de la Confédération et le choix du vin n'a rien de surprenant: les vins servis sont issus de la production locale. Mais à «99,9%», il ne s'agira pas de vin du clan de viticulteurs du conseiller fédéral Guy Parmelin (64 ans), comme on l'a appris dans les milieux du Conseil fédéral. Cela permet au moins d'éviter une affaire d'Etat si le breuvage devait avoir un goût de bouchon.
Polices cantonales
En matière de sécurité, les polices cantonales bernoise, vaudoise et genevoise sont engagées avec le Service fédéral de sécurité pour répondre aux obligations de protection de la Suisse. Des forces de sécurité françaises complèteront le dispositif. Les deux moments jugés les plus délicats sont l'échange prévu jeudi matin à l'université de Lausanne avec des étudiants (11 heures-12h30), puis le trajet en train Lausanne-Genève, lors duquel Emmanuel Macron discutera avec des entrepreneurs numériques suisse (vers 15 heures).
L'hypothèse d'un coup d'éclat de jeunes contestataires, sur la thématique palestinienne ou sur les questions écologiques comme cela fut le cas dans une université d'Amsterdam en avril dernier (une banderole avait été déployée lors de son discours sur l'Europe) ne peut pas être écartée.