C'est la mi-temps sous la Coupole! Les sept conseillers fédéraux vont bientôt pouvoir aller boire leur thé de Noël, le temps pour Blick d'effectuer leur bilan à mi-mandat. Deux ans se sont écoulés depuis le début de leur législature: qui sont les politiciens qui doivent se démarquer un peu plus afin de ne pas finir sur le banc dans deux ans, lors des prochaines élections?
203 voix! Guy Parmelin (UDC), actuel ministre de l'Economie, a été élu président de la Confédération avec un score historique. Une récompense pour le Vaudois qui gouverne avec calme et collégialité, sans faire de vagues.
Longtemps resté discret après la pandémie, Guy Parmelin est revenu sur le devant de la scène cette année. Dans le conflit douanier avec le président américain Donald Trump, il a obtenu une baisse des taxes à 15%, même si la communication a ensuite fait défaut. Il a également initié plusieurs accords de libre-échange.
Bien qu'il soit opposé, en tant que membre de l'UDC, au nouvel accord avec l'Union européenne, il en prépare le terrain grâce à son programme de protection des salaires. Son atout majeur: Helene Budliger Artieda, directrice du Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO), à qui il laisse une grande marge de manœuvre.
En revanche, il laisse la situation se dégrader en matière de logement. Les loyers ne cessent d'augmenter et il ne semble pas disposé à intervenir.
Un véritable tourbillon d'émotions! Pendant longtemps, Karin Keller-Sutter (PLR) a été considérée comme la figure dominante du Conseil fédéral. La ministre des Finances, réputée pour sa capacité à tenir un budget, est quasiment intouchable. Elle a su imposer son style de leadership, notamment lors de la crise du Crédit Suisse. Fin 2023, le quotidien économique britannique «Financial Times» l'a même classée parmi les femmes les plus influentes de l'année.
Mais cette année, le conflit douanier avec les Etats-Unis a éclaté et cela s'est transformé en véritable camouflet pour celle qui avait pourtant connu tant de succès jusqu'ici! Après un entretien téléphonique avec elle, Donald Trump a imposé à la Suisse des droits de douane de 39%. Quiconque connaît la très ambitieuse KKS sait à quel point cette situation l'énerve. Et avec le paquet d'allègement budgétaire, qui est passablement controversé, une nouvelle épreuve se profile déjà à l'horizon.
Albert Rösti (UDC) a un «avantage» sur beaucoup de Suisses: il a déjà goûté les chips à l'Aromat. Cela décrit bien le ministre des Transports. Abordable et populaire, il n’hésite pas à se montrer dans des vidéos TikTok.
Aucun autre conseiller fédéral n'affiche un parcours politique aussi marqué que celui de Rösti. Nombre de ses décisions sont prises par ordonnance, comme par exemple la limitation de vitesse à 30km/h ou la gestion de la population de loups. Cette pratique, qui lui permet de contourner le Parlement et l'opinion publique, est loin de faire l'unanimité.
Pour le Bernois, une importante campagne de votation se profile en mars prochain: Il doit combattre l'initiative de l'UDC sur la SSR «200 francs, ça suffit» au nom du Conseil fédéral, alors qu'il a lui-même siégé dans le comité d'initiative. En tant que ministre en charge de la Communication, il a déjà décidé d'abaisser la redevance à 300 francs – là encore par voie d'ordonnance.
Quel changement! Si la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider (Parti socialiste) peinait encore au Département fédéral de justice et police, elle s'épanouit à celui de l'Intérieur. Le «oui» à la 13e rente AVS et le rejet de la réforme des caisses de pension représentent deux victoires pour elle, ainsi que pour la gauche. Si elle parvient à faire passer le financement, le titre de «mère de la 13e rente AVS» lui tend les bras.
Même si ses revendications sont souvent rejetées, elle a maqué des points sur la réforme de l'AVS 2030: le relèvement du départ à la retraite n'est plus d'actualité, au grand dam des associations patronales.
La Jurassienne a su mobiliser les acteurs du secteur de la santé, défendant des propositions d'économies de 300 millions d'euros par an. Elle a imposé la nouvelle grille tarifaire de Tardoc. Désormais, un dossier médical électronique centralisé devrait également permettre d'économiser des milliards à long terme. Sur le plan personnel, son approche ouverte et décontractée est très appréciée.
Le ministre de la Justice Beat Jans (PS) a longtemps été considéré comme un élu qui parlait souvent dans le vent. Lors de sa deuxième année au Conseil fédéral, il a eu l'occasion de redorer son blason, le nombre de demandes d'asile et l'immigration clandestine ayant diminué au cours du premier semestre. Mais le Bâlois n'a pas su tirer profit politiquement de cette situation. Au contraire, il s'est mis à dos les cantons et les communes: ces derniers ne ressentent guère d'amélioration et beaucoup se sentent abandonnés par la Confédération.
De plus, lui et son équipe font preuve de peu de finesse tactique. Son responsable de la communication, Oliver Washington, a été la cible de critiques dans l'affaire du travail de matu d'une gymnasienne zurichoise, et Beat Jans se heurte régulièrement au Conseil fédéral. Dans la lutte contre l'initiative «Pas de Suisse à 10 millions!», il a misé sur un ensemble de mesures dont l'échec était prévisible. Le vote sur cette question sera pour lui le prochain test décisif.
Martin Pfister (Le Centre) est le nouveau venu. Le ministre de la Défense n'est en poste que depuis avril. Il a donc eu peu d'occasions de faire ses preuves. Jusqu'à présent, Martin Pfister a surtout dû réparer les pots cassés: remettre sur les rails des projets informatiques qui ont déraillé, trouver une solution de fortune concernant les drones israéliens, et également improviser avec les nouveaux avions F-35 en raison du fiasco des prix fixes.
Il s'est jusqu'à présent distingué par la nomination de nouveaux chefs d'état-major de l'armée et des services de renseignement. Le succès de cette politique reste à évaluer. Martin Pfister accorde une grande importance à la collégialité au sein du Conseil fédéral et bénéficie ainsi d'une plus grande bienveillance que sa prédécesseure, Viola Amherd. Cet atout pourrait encore lui être utile dans les discussions en cours sur le budget de l'armée.
Le ministre des Affaires étrangères, Ignazio Cassis (PLR), assumera une fonction prestigieuse mais délicate le jour de l'An: la présidence de l'OCDE. Or, les Etats-Unis, sous la présidence de Donald Trump, souhaitent réduire le budget de l'organisation. Néanmoins, l'OCDE pourrait jouer un rôle crucial: malgré la guerre en Ukraine, la Russie en est toujours membre. Le dialogue reste possible. Une opportunité pour le Tessinois.
L'accord avec l'Union européenne pourrait constituer son héritage, mais représente simultanément un risque considérable. En cas d'échec, son mandat au Conseil fédéral sera vain. Pourtant, il est resté jusqu'à présent très discret dans les discussions relatives à cet accord.
Il deviendra président de la Confédération en 2027. Il est bien possible qu'après cela, ce soit la fin – pour Cassis au Conseil fédéral pour le PLR avec deux sièges au gouvernement.