Menaces de mort, insultes, violation de domicile. Le registre des écarts reprochés à Aylin T.*, mère de deux enfants, est long et alimente depuis des années des tensions dans un quartier autrefois paisible de Winterthour. Malgré plusieurs plaintes, ni la police ni l'administration n'agissent pour apaiser la situation. Les voisins, inquiets pour eux et leurs enfants, réclament le départ immédiat de la femme. Mais le dossier s'avère complexe.
«Je vais te mettre une balle dans la tête!» C'est la dernière phrase entendue par Monika Maurer de la part de sa voisine Aylin. «Depuis, je fais tout pour l'éviter, même si c'est compliqué puisqu'elle vit juste au-dessus de chez moi», confie-t-elle à Blick.
Des problèmes dès le début
Rembobinons. Monika Maurer se rappelle «un voisinage formidable et tranquille». Mais tout change lorsque Aylin s'installe au-dessus de chez elle, il y a cinq ans. Dès les premières semaines, le voisinage est dérangé par des nuisances sonores. Monika Maurer demande à sa nouvelle voisine d'être un peu plus calme. La situation dérape: «Elle s'est mise à hurler et a tenté de me frapper.»
A plusieurs reprises, Aylin se rend aussi sur la terrasse privée de Monika Maurer, au rez-de-chaussée. «Un jour, la porte était ouverte et elle est tout simplement entrée!» Depuis, Monika Maurer a installé une caméra de surveillance sur recommandation de la police.
Mais tout part en vrille il y a deux ans. «La fille d'Aylin a menacé des enfants du lotissement.» Monika Maurer et son partenaire assistent à la scène sur l'aire de jeux et interviennent. Aylin, furieuse, se met alors à crier en turc. Monika Maurer enregistre la scène. «Quand j'ai fait traduire l'audio, j'ai failli tomber à la renverse», raconte-t-elle. Aylin y profère des menaces de mort. Une autre voisine, Pinar P.*, turcophone, confirme la traduction.
Plusieurs menaces de mort
Pinar a, elle aussi, vécu des épisodes difficiles avec Aylin. Et pourtant, tout avait commencé sous de bons auspices. «Après son emménagement, nous avons gardé le contact. Je m'occupais même de sa fille», dit-elle.
Puis, au bout de deux ans, la situation s'est aggravée. «Un jour, alors que j'étais au travail, elle a crié sur nos enfants. Mon mari a voulu lui en parler et ça a dégénéré.»
Aylin aurait menacé d'employer la violence et affirmé que «quelque chose arriverait» si son mari sortait un jour de prison. Les voisins ignorent pourquoi ce dernier purge une peine. «Plus tard dans la soirée, elle m'a envoyé un message vocal où elle me menaçait de me faire sauter la tête.» Pinar explique avoir déposé plainte à la suite de cet épisode.
Attaque avec un vase en cristal
Un autre voisin, Ralf G.*, évoque également des incidents. «Une fois, j'étais devant sa porte pour me plaindre du bruit. Elle m'a attaqué avec un vase en cristal. J'ai pu l'éviter de justesse, sinon je ne serais peut-être plus là.»
A en croire ces témoignages, il est surprenant que les autorités n'aient pas encore pris de mesures. Malgré les interventions policières, les menaces, les insultes et les nuisances, la gérance du lotissement, Livit AG, est restée prudente. «On nous a d'abord dit qu'il fallait trois plaintes pour envisager une action, relate Monika Maurer. Aujourd'hui, ce sont plus de douze ménages qui, par une pétition, exigent un changement, et il ne se passe toujours rien!»
Au nom de la protection de la personnalité, Livit répond uniquement de manière générale: «Le droit du bail fixe des limites strictes pour les résiliations immédiates. Lorsque la police estime qu'un danger sérieux existe, elle contacte la gérance et indique les mesures nécessaires. Ce n'est pas le cas ici.» La gérance ajoute qu'il existe «plusieurs points de vue» et que «la locataire concernée s'est, elle aussi, adressée à nous et se dit menacée».
La police déconseille tout contact
Selon Livit, les premières étapes prévoient la prise de contact avec toutes les parties, d'éventuels avertissements ou menaces de résiliation. «La mise en place d'une médiation est aussi envisagée. Certaines parties ont refusé cette option», indique la gérante.
«Nous avons évidemment refusé la médiation», précise Monika Maurer. Elle invoque la recommandation de la police: «Les agents nous ont clairement déconseillé d'entrer en communication avec Madame T.»
Contactée, la police de Winterthour confirme seulement – en raison de la protection de la personnalité – qu'une douzaine d'interventions ont été menées dans ce lotissement en deux ans.
Blick a également sollicité le témoignage d'Aylin. Après avoir demandé des questions écrites, elle n'a plus donné suite.
*Noms connus de la rédaction