Photographiées nues, enfants, des modèles du peintre Balthus s'opposent à la diffusion publique des clichés, rapporte «24 heures». Le quotidien s'est penché largement sur le Fonds Balthus, collection de milliers de documents prêtée à long terme par la veuve et la fille du peintre au Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne (MCBA).
À la fin de sa vie, à Rossinière (VD), Balthasar Kłossowski, dit Balthus, utilisait des polaroids dans la phase préparatoire de ses toiles figuratives. Les modèles? Des jeunes filles, parfois âgées de huit ou dix ans, dénudées et prenant des poses ambiguës pour l'artiste.
Exposition, non, recherche, oui
Les clichés fonctionnaient comme outils de travail du peintre français, qui s'enfermait plusieurs heures avec ces mineures pour capturer leur image. Il en existe des milliers. Comme le souligne le quotidien, l'artiste était fasciné par le corps de très jeunes filles, allant jusqu'à dire qu'il ne «pourrait jamais peindre une femme. La beauté de l'adolescente est plus intéressante», rapporte «24 heures».
Le Fonds Balthus est accessible uniquement pour de la recherche en histoire de l'art. Si certaines modèles sont opposées à ce que les polaroids soient exposés — c'est leur droit —, aucune ne se dresse contre leur consultation par des chercheurs.
Pédopornographie ou création artistique?
Une chercheuse française, citée par le quotidien, s'est penchée sur un ouvrage daté de 2013, dans lequel certains des clichés ont été reproduits. Elle suggère que ces images d'enfants se situent à la croisée entre création artistique et législation en matière de circulation des images pédopornographiques.
En résumé: le processus de création peut-il justifier la diffusion d'images qui seraient considérées comme de la pédopornographie, si elles ne s'inscrivaient pas dans un processus artistique?
Peut-on consentir à huit ans?
Le consentement des modèles, désormais majeures, est révocable à tout moment, indique à «24 heures» Nicolas Capt, avocat spécialisé en droit des médias et des technologies de l'information. Il faudrait également éclaircir ce à quoi les fillettes de l'époque ont consenti.
À huit ou dix ans, souligne l'homme de loi, comprend-on vraiment ce que l'on accepte? En a-t-on même la capacité?