Le maintien de l'obligation de servir ne convainc que 47% des participants à un sondage dans toute la Suisse. De nombreuses personnes expriment la nécessité de diversifier les domaines de service, notamment au-delà du cadre militaire, mais les détails restent controversés.
Consultés entre octobre et novembre à l'instigation de l'association genevoise ET PK PAS? et l’organisation civique européenne Make.org., quelque 14'000 sondés devaient répondre à la question «Comment repenser le service obligatoire en Suisse, pour toutes et tous?» Les personnes interrogées, dont 71% avaient 34 ans ou moins et 71% étaient de sexe masculin, pouvaient formuler des propositions et/ou voter sur celles des autres.
La question de la suppression de l’obligation de servir au profit d’un modèle fondé sur le volontariat divise nettement les sondés. La proposition que «le service militaire devienne une affaire de choix et non d’obligation» ne recueille ainsi que 40% de votes favorables, 47% étant défavorables et 13% neutres.
Diversifier les domaines de service
De nombreuses personnes expriment la nécessité de diversifier les domaines de service, notamment au-delà du cadre militaire, en intégrant des secteurs tels que l’environnement, la construction, la protection civile ou les services de proximité. A titre d’exemple, Aline propose de «créer un service pour l’environnement: nettoyer les cours d’eau, les forêts, entretenir des chemins de randonnée, les parcs, etc.» Cette proposition recueille 60% de votes favorables.
De même, l’idée que les différents types de service puissent être mieux valorisés (rémunération, certificat de formation, etc.) rencontre l’adhésion de 64% des participants. Idem pour les propositions qui vont dans le sens d’un service inclusif.
Modalités concrètes débattues
Mais si les grandes orientations font consensus, leurs modalités concrètes restent largement débattues. L’adaptation du service obligatoire aux études, à la carrière et aux projets de vie est également controversée. La proposition «il faut veiller à ce que les personnes qui travaillent pour une entreprise ne soient pas interrompues chaque année par un service quelconque» récolte 39% d’avis favorables, contre 42% défavorables et 19% neutres.
Les 18-24 ans et les femmes sont globalement plus favorables aux propositions axées sur l’inclusion, la conciliation du service avec les projets de vie, la diversification des domaines de service ainsi que le renforcement du choix et du volontariat. A l’inverse, ces groupes se montrent plus réservés face aux mesures jugées contraignantes, comme le maintien du système actuel ou l’obligation généralisée du service militaire.
La consultation a réuni 13’946 participants, qui ont déposé 360 propositions sur lesquelles 107’271 votes ont été exprimés. Cette mobilisation a été rendue possible par le recours aux réseaux sociaux pour atteindre les jeunes générations, précisent les organisateurs.