Meilleure équité intergénérationnelle
Un think tank propose de relever l'âge de la retraite pour financer l'armée suisse

L'armée suisse a un besoin urgent de fonds supplémentaires. Le think tank Avenir Suisse propose de relever l'âge de la retraite à 66 ans afin de dégager deux milliards de francs par an. Une proposition controversée qui vise à promouvoir l'équité intergénérationnelle.
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L'armée suisse a besoin de fonds supplémentaires pour être en mesure de défendre le pays.
Photo: Keystone
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Daniel Ballmer

L’armée suisse a besoin d’argent. De nombreux systèmes d’armement sont obsolètes. Les lacunes sont partout. Le chef de l’armée sortant, Thomas Süssli, alerte depuis longtemps sur le fait que l’armée n’est plus en mesure de défendre le pays. Cela représente un coût.

Le Parlement a, certes, déjà décidé d’augmenter le budget de l’armée, qui passera de 6,3 milliards de francs aujourd’hui à 10 milliards d'ici à 2032. Mais cette hausse n’est pas encore garantie financièrement. Le Conseil fédéral examine actuellement si des moyens supplémentaires sont nécessaires.

D’où proviendra tout cet argent? Le ministre de la Défense, Martin Pfister, envisage une nouvelle hausse de la TVA d’environ 0,5 point de pourcentage. Cette mesure rapporterait près de 1,75 milliard de francs supplémentaires par an aux caisses de l’Etat.

Contribuer à la défense militaire en repoussant sa retraite

Avenir Suisse présente à son tour une nouvelle proposition de financement, comme le rapporte la «NZZ». Ce groupe de réflexion économique recommande de relever l’âge de la retraite, une proposition qui a pourtant déjà échoué à plusieurs reprises.

Cette fois-ci, l’idée n’est pas de prolonger son activité professionnelle pour permettre le financement de l’assurance vieillesse et survivants (AVS), mais plutôt d’offrir la possibilité aux générations plus âgées de contribuer au rétablissement des capacités militaires du pays. Les auteurs proposent que, au regard du contexte géopolitique mondial tendu, les personnes trop âgées pour participer au service miliaire rendent à leur manière un «service à la société»: «Non pas en portant l’uniforme, mais en prenant leur retraite plus tard.»

Concrètement, l’âge classique de départ à la retraite devrait être repoussé d’au moins un an, à 66 ans. Cela permettrait d’alléger la charge de l’AVS de deux milliards de francs par an – une somme que la Confédération pourrait alors investir dans la sécurité. Avenir Suisse souligne qu’au cours des dernières décennies, des sommes de plus en plus importantes ont été transférées de la défense nationale vers l’Etat social, un transfert qui a principalement profité aux personnes âgées.

Les jeunes assument déjà des dépenses sociales en hausse

Le relèvement de l’âge de la retraite devrait permettre à ceux qui sont sur le point de prendre leur retraite de continuer à contribuer à la société. Certes, ceux-ci ont également rendu service à la société par le passé. Mais la situation mondiale a évolué et pose aujourd’hui à la Suisse des défis majeurs. De leur côté, les personnes ayant déjà commencé leur retraite ne seraient pas concernées par cette mesure.

Pour Avenir Suisse, cela permettrait d’atteindre une plus grande équité entre les générations. En effet, les jeunes, déjà moins nombreux, doivent supporter des dépenses sociales en hausse. Et ils assument la majeure partie des «charges liées à la politique de sécurité» en effectuant leur service militaire ou en payant la taxe d’exemption.

Il est clair qu’un relèvement de l’âge de la retraite est impopulaire, écrit la «NZZ». Mais cela vaut aussi pour toutes les autres options. Depuis le début de la guerre en Ukraine, les responsables politiques débattent du financement de l’armée. A un moment ou à un autre, une décision devra être prise.

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