Après la gaffe de la «grosse Suisse molle»
«La Suisse est plus qu'un voisin, j'ai de la famille à Annemasse»

L'élue avait affirmé que l'UE ne devait pas se comporter comme une «grosse Suisse molle» face à la Russie. Elle aurait mieux fait de se garder d'excuses: désormais, elle dit adorer notre pays car une partie de sa famille vit à Annemasse.
Publié: 08.02.2022 à 17:59 heures
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Dernière mise à jour: 09.02.2022 à 09:39 heures
Dimanche, Nathalie Loiseau déclarait à la RTS: «J’ai une partie de ma famille qui vit à Annemasse, je ne peux pas vous dire autre chose».
Photo: AFP
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Daniella GorbunovaJournaliste Blick

«Je ne suis pas raciste, j'ai une amie Noire...» La formule est entrée dans la culture populaire depuis que Nadine Morano a été la première à la prononcer en 2012. L'ancienne ministre ne pouvait décemment pas être raciste, puisque sa meilleure amie est «plus noire qu'une Arabe».

Une décennie plus tard, voilà qu'une autre représentante de la France revisite l'expression. Nathalie Loiseau, eurodéputée, est dans la tourmente depuis deux jours pour avoir expliqué au «Point» que «face à Moscou, l’Europe ne devait pas être une grosse Suisse molle» — la phrase a été effacée depuis sur Twitter. La politicienne s'est ensuite excusée dimanche devant les caméras de la RTS.

Problème: la haute fonctionnaire, dont la déclaration a provoqué jusqu'à une réaction officielle de l'ambassadeur de Suisse en France, a eu une ligne de défense aussi maladroite que sa première sortie: elle n'a rien contre la Suisse, a-t-elle expliqué, parce qu'elle a... «de la famille à Annemasse».

Brocardée sur TMC

La politicienne n'a donc pas dit sa dernière bêtise, a relevé avec humour Yann Barthès dans son émission «Quotidien» sur TMC, lundi soir. Le média français a diffusé l'ensemble de l'extrait de la RTS: «Si des Suisses ont été heurtés, j’en suis désolée, parce que ce n’était ni l'intention ni le propos de cette interview. Celle-ci a été réalisée à mon retour d'Ukraine, avec un journaliste qui revenait lui-même d'Ukraine», avait expliqué Nathalie Loiseau. Avant d'ajouter: «J’ai une partie de ma famille qui vit à Annemasse, je ne peux pas vous dire autre chose.»

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Neutralité quoi?

Mais que se cache-t-il derrière ce reproche de «mollesse»? En réalité, une neutralité suisse mal comprise par nos voisins depuis des décennies, analyse l'ancienne conseillère fédérale et ministre des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey.

«La Suisse est un Etat neutre permanent. Elle renonce à participer aux guerres, mais cela ne signifie pas qu'elle n’a pas d’avis, au contraire. La Suisse est très crédible dans son rôle de bâtisseuse de ponts et de médiatrice entre les parties», a affirmé la Genevoise, interrogée dans le 19h30.

À noter également que la neutralité est l'un des éléments les plus forts de l'identité helvétique. Et pourtant, sa contestation au sein de la communauté européenne ne date pas d'hier. Au sortir de la Seconde guerre mondiale par exemple, la neutralité en général et celle de la Suisse en particulier avaient mauvaise réputation, comme le souligne le Dictionnaire historique de la Suisse (DHS).

Lors de la fondation de l'Organisation des Nations unies (ONU), la France et d'autres pays voulurent empêcher l'adhésion d'Etats neutres tels que la Confédération. Pourtant, cette neutralité a été (re)valorisée aussitôt que son utilité géopolitique a été comprise: l'Autriche et la Suisse formèrent un verrou entre ce qui était alors le sud et le centre de l'Otan. Plus tard, en 1995 par exemple, les Etats neutres tels que la Suisse jouèrent un rôle décisif de médiateurs dans le conflit Est-Ouest. Pour ne prendre qu'un exemple.

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