Affaire rocambolesque au centre de Zurich
Coop construit un restaurant illégalement et cache ses ouvriers

La filiale de Coop Marché voulait construire un fast-food sans autorisation, au nez et à la barbe des autorités zurichoises. «De l'extérieur, cela ne doit pas ressembler à un chantier», avaient écrit les patrons aux ouvriers.
Publié: 21.02.2023 à 13:15 heures
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Dernière mise à jour: 21.02.2023 à 13:22 heures
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Lors de la construction de la filiale Marché de Coop au centre commercial Letzipark de Zurich, les règles n'ont pas été respectées.
Photo: zVg
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Michael Sahli

En Suisse, il est difficile de cacher aux autorités un chantier non autorisé et d'y travailler en secret. Lorsqu’il se trouve en plus à l’entrée du centre commercial Letzipark, au centre de la ville de Zurich, c’est d’autant plus difficile. Marché, filiale de Coop, a réussi cet exploit douteux en construisant un restaurant de la chaîne Popeyes, spécialisée dans le poulet.

Un collaborateur, qui souhaite rester anonyme, a fait parvenir des documents à Blick. Ceux-ci montrent que la filiale Marché a méprisé les règles parce qu’elle voulait absolument ouvrir le fast-food avant Noël 2022.

Les travaux ont commencé en septembre de la même année sans autorisation, ce qui n’a pas échappé longtemps aux autorités zurichoises.» Le 12 octobre 2022, le contrôle des constructions a demandé par écrit au maître d’ouvrage d’arrêter», pouvons-nous lire du département en charge. Seulement voilà: les responsables travaillant pour la filiale de Coop n’avaient apparemment pas l’intention d’obéir.

«De l’extérieur, cela ne doit pas ressembler à un chantier!»

Dès le lendemain, le chef de projet a envoyé un e-mail aux artisans et aux responsables de Marché. Il y est dit que l’on regrette d’avoir obtenu une «pause administrative dans les travaux».

«En accord avec le maître d’ouvrage», la règle suivante s’applique donc à tous: «De l’extérieur, cela ne doit pas ressembler à un chantier!» Des instructions précises sont données à ce sujet. «Il est impératif de garder dès maintenant la porte du Popeyes au rez-de-chaussée si possible toujours fermée. Ne pas faire de bruit et ne pas déposer ou garer de matériaux de construction, de déchets, de véhicules ou autres devant le site».

Les ouvriers doivent également fumer «loin» de l’entrée de la construction secrète. En d’autres termes, les travaux doivent être cachés aux autorités.

Par la suite, un chaos a régné sur le lieu, selon le collaborateur anonyme: «Travail supplémentaire, stress et horaires de nuit, ainsi que l’acceptation de dommages pour la santé» en ont été le résultat. Par exemple, du ponçage a été effectué alors que d’autres ouvriers se trouvaient à proximité sans équipement de protection.

Cette initiative douteuse n’a pas été découverte. Un mois plus tard, l’autorisation a été délivrée a posteriori, mettant fin au jeu de cache-cache. Le 21 décembre, le restaurant a été inauguré en grande pompe.

Coop veut régler le cas

Le département des constructions zurichois affirme quant à lui que «si l’on avait eu connaissance de travaux cachés, on serait intervenu immédiatement». Mais les responsables ne doivent apparemment pas s’attendre à des conséquences. «À ce jour, aucune procédure n’a été engagée», indique le service.

Christian Capacoel, chef de la communication du syndicat Unia, écrit que «ce qui semble particulièrement choquant dans cette affaire, c’est que les ouvriers ont vraisemblablement reçu l’ordre d’ignorer les instructions des autorités. Les règles de sécurité ont ainsi été contournées.»

Chez Coop, on ne félicite pas non plus le chantier clandestin de sa filiale Marché. «Un tel procédé n’est clairement pas dans notre esprit», écrit le service de presse. L’affaire sera examinée. Marché assure de son côté que la protection des collaborateurs est «la priorité absolue».

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