Acheter une maison? Une utopie
La propriété est inaccessible aux jeunes suisses... sauf dans ces 3 régions

Dans de nombreuses régions du pays, les moins de 35 ans n'ont plus les moyens d'être propriétaires et encore moins de trouver une banque pour les aider. Selon une nouvelle étude, seules trois régions disposent encore d'un ratio revenus/coût avantageux.
Publié: 06:47 heures
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A Lajoux, dans le Jura, les moins 35 ans peuvent encore espérer acquérir un logement.
Photo: IMAGO/Andreas Haas

Une jeunesse ambitieuse, mais rattrapée par la réalité: les aspirations de la génération Z en matière de logement contrastent fortement avec ses moyens financiers. Environ 40% des personnes de moins de 35 ans rêvent de devenir propriétaires. Or, l’âge moyen des acquéreurs en Suisse est actuellement de 48 ans. Pour la plupart des jeunes Suisses, l'accession à la propriété n'est en définitive qu'un rêve lointain, un constat en grande partie imputable à la hausse des prix continue au cours des dernières années.

Pour acheter, il faut aujourd'hui disposer d’un revenu nettement supérieur à la moyenne. Le principal obstacle réside dans le calcul de la capacité financière que les banques effectuent avant d’octroyer une hypothèque et qui rend beaucoup de jeunes acheteurs tout simplement inéligibles.

Un revenu insuffisant

C'est la conclusion d'une nouvelle étude menée par l'expert en immobilier Wüest Partner. En se basant sur les données de l’Enquête sur le budget des ménages de l’Office fédéral de la statistique (OFS), les auteurs de l'étude ont estimé à 9230 francs le revenu brut mensuel médian des ménages des moins 35 ans pour l’année 2024.

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Dans certaines communes du Tessin, les moins de 35 ans peuvent encore s'offrir un logement en propriété.
Photo: imago/blickwinkel

Pour évaluer l’accessibilité à la propriété, l’analyse s'est basée sur un prêt couvrant 80% de la valeur marchande d’un appartement en copropriété, un taux d’intérêt théorique de 5%, un amortissement annuel de 1% et des frais d’entretien et accessoires équivalents à 1% de la valeur du bien. Le tout sans que les coûts du logement ne dépassent un tiers du revenu brut, une condition indispensable pour garantir l'accessibilité du logement.

Le Jura, Eldorado des moins de 35 ans

Le résultat est sans appel. Et il est inquiétant: en Suisse, seuls trois cantons offrent encore des conditions favorables aux jeunes acheteurs. Seuls le Jura, le Valais et le Tessin disposent par endroits d'un ratio revenu/coût du logement avantageux. Le reste du pays est lui complètement inaccessible. 

Le Jura est de loin la région la plus avantageuse, puisque la quasi-totalité du territoire — de Mervelier à Boncourt — demeure à la portée des moins de 35 ans. En Valais, cette tendance est constatée dans certaines communes de la partie alémaniques, notamment à Gampel, Tourtemagne, Ausserberg ou encore Fieschertal. Au Tessin, il faut se tourner vers Airolo, Quinto et Faido pour trouver les rares maisons encore accessibles

Les périphéries sont également trop chères

Mais dès que l'on s'approche des agglomérations, le revenu nécessaire à l'acquisition d'un logement prend l'ascenseur. Ainsi, dans les communes situées aux abords des centres urbains, seuls environ un tiers des moins de 35 peut envisager d'acquérir un logement. Dans l'arc lémanique, il faut disposer de plus du double du revenu médian des ménages pour satisfaire aux critères d'accessibilité à la propriété. Les personnes gagnant moins de 18'500 CHF par mois n'ont pratiquement aucune chance de pouvoir acquérir une maison. 

La tendance est la même dans la plupart des communes situées autour des lacs de Zurich, de Zoug, et des Quatre-Cantons. Les stations touristiques de montagne comme Crans-Montana (VS), Gstaad (BE) ou encore Saint-Moritz (GR), ne sont pas non plus épargnées par le phénomène.

Face à ces obstacles, la génération Z se heurte à une dure réalité: devenir propriétaire en Suisse relève plus du privilège que de la norme. A moins d’un soutien familial conséquent ou d’un revenu exceptionnellement élevé, les jeunes n’ont guère d’autre choix que de revoir leurs ambitions à la baisse... ou de s’exiler loin des centres urbains.

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