Après sa victoire au 1er tour de l'US Open dimanche, Belinda Bencic s'est entretenue avec Keystone-ATS sur le manque ressenti lorsque sa fille Bella n'est pas à ses côtés, mais aussi sur la difficulté de parler sans cesse de son double rôle de mère et joueuse. Interview.
Belinda Bencic, vous avez fêté de grands succès à l'US Open (premier quart de finale en Grand Chelem en 2014, demi-finale en 2019). En outre, vous avez appris ici il y a deux ans que vous alliez devenir maman. C'est une relation particulière, n'est-ce pas?
Oui, sans aucun doute. Je me suis toujours sentie bien ici, déjà chez les juniors. La ville me fascinait, cette énergie, il y a tellement de choses qui se passent. Et Martin (son mari) adore aussi New York, il a même vécu ici pendant une année pour apprendre l'anglais. Nous sommes tous les deux ravis d'être ici chaque année. Bien sûr, du point de vue du tennis, je pense que les conditions me conviennent. En revanche, Cincinnati, par exemple, n'est pas du tout pour moi, c'est de pire en pire chaque année.
Vous y avez certes perdu au 1er tour contre Veronika Kudermetova, mais elle a tout de même atteint les demi-finales par la suite...
Ce n'était pas si mal, mais c'est comme quand tu mets de nouvelles chaussures: tu vois tout de suite si elles te vont. Tu peux te battre, mais il y a simplement des tournois qui te conviennent mieux que d'autres. Ici à New York, il y a les 'night sessions' qui me donnent tellement d'énergie. D'autres joueuses ressentent exactement le contraire. C'est comme ça, on aime ou on déteste l'US Open.
Après la demi-finale à Wimbledon, les choses n'ont pas été optimales au Canada et à Cincinnati. Est-ce quelque chose qui vous a fait réfléchir?
En fait, non. Pour Montréal, nous nous sommes encore demandé si je voulais jouer ce tournoi, ou si cela ne serait pas trop dur pour nous avec un trop long voyage. Finalement, je suis partie sans Bella et Martin, qui sont ensuite venus à Cincinnati.
Est-ce que c'était la première fois que vous partiez sans Bella?
Non, j'ai déjà passé quelques jours à Rome sans elle, mais c'est à chaque fois méga dur. Nous sommes encore un peu en train de chercher le bon rythme. Ce n'est certainement pas optimal pour moi, je ne me sens pas très bien dans cette situation.
Bella et Martin vous manquent...
Oui, je me sens perdue sans Bella et Martin.
Quelles ont été les réactions à votre demi-finale de Wimbledon?
C'était plus que prévu. Je fais toujours en sorte de ranger mon téléphone et de ne pas trop lire et écrire en retour lorsque je vais loin dans un tournoi. Après Wimbledon, j'ai été surprise que cela émeuve autant de monde. Je pense qu'en Suisse, on a suivi mon parcours, et cela m'a fait très plaisir. J'ai trouvé que c'était comme un petit 'Mami back'.
On vous demande régulièrement de parler de votre rôle de mère. Est-ce parfois trop?
J'essaie d'être assez ouverte, de donner aussi quelque chose et de ne pas répondre uniquement par oui ou par non, mais quand on vous demande en direct à la télévision, qui plus est sur la BBC, des choses comme 'maintenant vous êtes en demi-finale, mais vous changez quand même des couches?', je me dois de dire qu'on peut aussi parler du quart de finale gagné! J'adore être mère, mais à un moment donné, ça suffit. Je ne réponds pas à toutes les questions, elles sont alors trop privées.
Au final, vous êtes quand même avant tout une sportive de haut niveau.
Oui, exactement. Bien sûr, être mère fait partie de mon identité, mais je veux aussi être reconnue pour être une bonne sportive et une bonne joueuse de tennis.
A quoi ressemblent vos jours de congé à New York?
Nous habitons juste à côté de Bryant Park, que j'adore de toute façon, c'est mon endroit préféré à New York. Il y a de bons cafés, des restaurants, un manège pour les enfants, donc nous allons y faire un tour avant de nous entraîner. Sinon, nous n'avons pas grand-chose d'autre à faire, et de toute façon nous prenons les choses plus tranquillement le soir.
Cela fait bientôt un an que vous êtes de retour sur le circuit et, en tant que numéro 14 au classement 2025, vous vous battez déjà à nouveau pour une participation aux WTA Finals. Avez-vous cet objectif en tête?
J'y pense indirectement, je sais que je pourrais y arriver, mais je ne suis pas du genre à compter les points tout le temps. Ce n'est pas quelque chose dont je me dis qu'il faut que j'y arrive dès cette année. Mais ce serait évidemment méga cool.
Vous prévoyez donc de faire toute la tournée asiatique après l'US Open?
Cela reste à voir. Je vais certainement jouer les tournois WTA 1000 à Pékin et Wuhan, ainsi que Tokyo en raison de mon sponsor (Yonex). Mais je m'en réjouis aussi beaucoup, car je n'y suis plus retournée depuis mon titre olympique (en 2021). Entre les deux, il y a encore une semaine, avec le tournoi de Ningbo.
Il se pourrait donc que vous jouiez quatre semaines d'affilée?
«Je me suis inscrite pour tous ces tournois, mais je verrai sur le moment comment je me sens. Si je suis éliminée deux fois au premier tour, je pourrai enchaîner, si je vais loin deux fois, on verra.»