Critiques à Paris
À Roland-Garros, les femmes ne sont pas assez mises à l'honneur le soir

Une fois de plus, il n'y aura pas de matches féminins en prime time à Roland-Garros. La joueuse Ons Jabeur demande plus de présence féminine dans les sessions de nuit... mais ce n'est pas le cas de toutes les athlètes.
Publié: 30.05.2025 à 12:23 heures
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Ons Jabeur en a assez et donne son avis sur la place accordée aux femmes lors des sessions de nuit à Roland-Garros.
Photo: AFP
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Marco Pescio

Les chiffres sont sans équivoque et indiquent un déséquilibre évident. Depuis l’introduction de la Night Session à Roland-Garros en 2021, 45 matches se sont déroulés en soirée. Seuls quatre d’entre eux étaient des duels féminins. En 2024, il n’y en a pas eu un seul. Et cette année, la situation ne semble pas s’améliorer. Depuis le début du tournoi dimanche, seuls les hommes ont joué en prime time à 20h15. Et ce vendredi, une affiche masculine est également prévue avec Damir Dzumhur face à Carlos Alcaraz.

Cette année encore, cette partialité vaut aux organisateurs d’être critiqués. La joueuse tunisienne Ons Jabeur estime qu’il est «triste de voir que nous en sommes encore là. Je pense que ceux qui prennent cette décision n’ont pas de filles.» La triple finaliste en Grand Chelem poursuit: «C’est un peu ironique. Ils ne montrent pas de tennis féminin et disent ensuite que les spectateurs regardent surtout les matches masculins. Bien sûr qu’ils regardent plus de matches masculins puisqu’on leur montre plus de tennis masculin…»

Le patron de la fédération se justifie

Gilles Moretton, le président de la Fédération française de tennis, n’exclut pas de programmer cette année un match féminin en soirée. Il justifie toutefois l’horaire des matches comme suit: «Parfois, nous devons réfléchir à ce qui est mieux pour les spectateurs. Parfois, nous devons prendre le meilleur match pour la session du soir.»

Pour compliquer les choses, il faut dire que toutes les joueuses – et de surcroît aussi les joueurs- ne sont pas particulièrement désireuses de jouer en night session. Les raisons en sont multiples et vont du rythme biologique à la planification simple de la journée, en passant par les habitudes alimentaires et la régénération.

L’ancienne numéro une mondiale et quadruple vainqueur de Roland-Garros Iga Swiatek avait toujours plaidé en faveur de matches en journée. La star américaine Coco Gauff également. Du point de vue des sportives, elles placent leurs propres besoins physiques au-dessus de tout le reste, ce qui est compréhensible, surtout lors d’un tournoi du Grand Chelem. Mais cela ne favorise pas l’équilibre de la couverture télévisuelle du tournoi.

Une occasion manquée

Et puis il y a encore le problème des fans. Lorsque en 2023, le match entre Aryna Sabalenka et Sloane Stephens, qui opposait à l’époque les numéros deux et trente mondiales, a été programmé en soirée, les spectateurs n’ont pas tardé à riposter. Après la publication du programme, des centaines de billets onéreux ont été remis en vente.

Les critiques pointent en outre le fait que les matches masculins se déroulent en trois sets. Les matches féminins pourraient être terminés après une bonne heure et deux sets ce qui empêcherait la soirée de trop se prolonger.

Quoi qu’il en soit, la controverse continue de diviser le tennis. Mais il est également clair que cette année, les organisateurs n’ont même pas essayé de donner une chance équitable au tennis féminin. Le match du premier tour entre Naomi Osaka et Paula Badosa (7-6, 1-6, 4-6) en aurait été la parfaite occasion.

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