Qui dit tennis dit bien entendu Roger Federer. Et qui pense à notre héros national pense forcément à Bâle. La cité rhénane, qui a vu naître le champion, accueille cette semaine le tournoi des Swiss Indoors, comme il en est de coutume en cette période de l’année.
Cette fois, ce n’est pas un Bâlois, mais un Vaudois qui est au centre de l’attention: Stanislas Wawrinka est l’invité de marque de cette 53e édition. Il entrera en jeu ce mercredi face au Français Adrian Mannarino (ATP 56). Le tournoi occupe également une place décisive dans le calendrier, en vue de la lutte pour les ATP Finals de Turin.
Mais en dehors de ce qui se passe sur le court, Roger Federer trône à jamais au sommet de l’histoire de la Halle Saint-Jacques. Comme dans d’innombrables endroits en ce bas monde d’ailleurs, sa présence flotte toujours dans les esprits. D'autant plus que ce jardin est chez lui. Avant de devenir la star mondiale connue de tous, il était ramasseur de balle ici. Sa mère Lynette était aussi active au bureau des accréditations. Une histoire dont aucun autre tournoi du circuit ne peut se targuer.
Destins liés
Dans sa ville natale, le Maître a ensuite remporté 10 fois le tournoi, ce qui reste le record absolu. Il est aussi le joueur avec le plus de victoires (75 au total), le plus de finales (15) et le champion le plus âgé à avoir été titré (il avait 38 ans lors de son dernier sacre en 2019).
Partout ailleurs, un tel parcours et un tel lien renforcerait l’association entre le nom du tournoi et celui du champion. Sa statue trônerait devant la Halle Saint-Jacques et nous assisterions chaque saison aux Roger Federer Indoors.
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Mais c’est bien connu, nul n’est prophète en son pays. Et encore moins en son canton, serait-on tenté de dire. Car dans les travées bâloises, il est frappant de constater que l’image de l’ancien numéro 1 mondial est tout simplement absente.
Où es-tu Roger?
Aucune image, aucune plaquette, aucun objet, aucun buste, aucune évocation de la star issue du bercail. Tout au plus son nom est-il mentionné sur le palmarès vers l'entrée principale. Mais cela semble vraiment être la seule chose dont on veut bien se souvenir ici.
Il faut dire que Roger Federer s’est passablement brouillé avec les organisateurs du tournoi. En 2012, un désaccord sur le cachet du joueur avait entaché sa relation avec le patron des Swiss Indoors Roger Brennwald. Deux ans plus tard, le Bâlois était venu jouer sans cachet, versant aussi sa prime à sa fondation lors des éditions suivantes. Cela avait pu apaiser les tensions.
Une brouille bien visible
Mais en 2022, alors qu’il effectuait sa dernière saison sur le circuit, le Rhénan a tout simplement zappé sa ville pour sa tournée d’adieu, précisant que cela intervenait «trop tôt» après son dernier match disputé à la Laver Cup. Les Swiss Indoors ont donc voulu rattraper le coup en 2023, en lui proposant une cérémonie d’adieu, mais Roger Federer a décliné la proposition. Il s'était ensuite justifié à plusieurs reprises, clarifiant n'avoir aucune animosité envers le tournoi et indiquant prendre ses distances pour des raisons émotionnelles.
Touchant pour certains, le message avait peiné à convaincre les autres et avait alors fait naître des critiques à l'encontre du champion, suspecté de respecter un agenda strictement commercial en dehors de sa fondation.
Alors fâchés, pas fâchés? Si des doutes subsistaient avant le début du tournoi, il semble désormais clair que les Swiss Indoors ne se sont pas trop encombrés de l'image de Roger Federer cette année. À moins que ce soit, telle une relation qui touche à sa fin, un acte de désespoir pour le piquer au vif et le récupérer?