Paul Bernardoni a poussé un immense coup de gueule au micro de Blue Sport, tandis que le capitaine William Le Pogam a lui aussi tenu des mots forts devant les journalistes, juste après la débâcle yverdonnoise à Lausanne dimanche (3-1). Le latéral gauche avait pourtant exhorté ses coéquipiers à aborder ce derby avec le bon état d'esprit, dans une interview accordée à Blick, mais les mots n'ont pas été suivis d'actes, bien au contraire. Amorphe, sans idée, sans détermination, Yverdon Sport a sombré à la Tuilière.
«Ils ont été meilleurs que nous dans tous les compartiments du jeu, que ce soit offensivement ou défensivement. On n'a jamais réussi à mettre de l'énergie ou de l'envie. Il nous a manqué un peu de tout. Dans ce genre de matches, tu peux combler le manque de qualités techniques par un peu plus d'envie, mais ça aussi, ça nous a manqué», pestait William Le Pogam, qui est allé encore plus en profondeur dans le constat.
Les choix du coach remis en question
«Après, on peut discuter des choix, peut-être du fait de faire débuter des joueurs qui sont arrivés récemment, dans ce contexte, sur une surface comme ça, à laquelle ils ne sont pas habitués. On ne les a pas mis dans les meilleures conditions. Je pense qu'on doit tous se remettre en question, que ce soient nous les joueurs, le staff ou même en haut, parce que c'est moche de perdre ici comme ça», a ajouté le capitaine d'Yverdon Sport. Des mots forts, qui renvoient à la composition d'équipe choisie par Alessandro Mangiarratti.
Le technicien yverdonnois avait en effet décidé de titulariser trois joueurs arrivés dans les tout derniers instants du mercato: le défenseur central Djibril Diop, le latéral droit Dexter Lembikisa et le milieu de terrain Mateusz Legowski. Les deux derniers ont été tellement dépassés en début de match que leur nouvel entraîneur les a sortis après 32 minutes, entérinant le constat d'échec.
Aucun attaquant au coup d'envoi, Anthony Sauthier à la cave
«Je prends la responsabilité de cette défaite, c'est évident», a admis Alessandro Mangiarratti avec une grande honnêteté. «J'avais des bonnes sensations cette semaine avant l'entraînement, j'avais le sentiment qu'on avait bien préparé ce match. Les joueurs qui ont débuté ont des références, ils ne sortent pas de nulle part non plus, ce sont des joueurs qui jouent en équipe nationale», s'est (un peu) défendu l'entraîneur d'YS, conscient de ne pas avoir fait un cadeau à ces trois joueurs en les faisant débuter.
Restent des questions sans réponses: Pourquoi donc s'être privé d'un joueur comme Anthony Sauthier, qui n'est pas certes le latéral droit le plus bankable de Super League sur le marché des transferts, mais qui sait ce que signifie un derby? Et pourquoi commencer la rencontre sans attaquant, avec Mitchy Ntelo et Hugo Komano sur le banc, et le petit numéro 10 uruguayen Franco Gonzalez seul... en pointe?
Le fait est qu'Yverdon n'a pas existé, comme en février lors de la dernière visite des Nord-vaudois dans le même stade, d'ailleurs. «C'est vrai, c'était un peu le replay de ce match... On a très mal débuté, c'est un fait. Après, qui sait ce qui aurait pu se passer si on avait marqué le 2-1 en tout début de deuxième période, comme on en a eu l'occasion?», a imaginé Alessandro Mangiarratti, en référence à la chance de but, bien réelle, que s'est créée Mauro Rodrigues à la 46e.
Le cynisme de Paul Bernardoni
«On peut dire qu'on a fait une meilleure deuxième période, mais que dalle...», lui a répondu, presque en écho, Paul Bernardoni devant la caméra de Blue Sport, tandis que William Le Pogam indiquait lui aussi n'avoir «rien à garder» de ce match. «Je suis dégoûté. Il y avait quelque chose à faire ici, Lausanne avait joué en semaine, ils n'étaient pas dans une bonne posture avant la rencontre. Mais on ne peut s'en prendre qu'à nous-mêmes.»
Y a-t-il du positif à retirer tout de même? Une lueur d'espoir? «Il y a eu quelques bonnes performances individuelles tout de même. Ce qui est embêtant, c'est qu'on peut faire des erreurs, on peut rater des choses, mais il faut montrer un autre visage, que ce soit pour nos fans ou pour nous-mêmes. Ce n'était pas une bonne journée aujourd'hui», a répondu Alessandro Mangiarratti à cette question.
Place à Saint-Gall au Stade municipal
William Le Pogam, lui, veut regarder vers l'avant. «C'est difficile, mais bon, il faut qu'on reste dans le même bateau, qu'on reste tous ensemble. Si on arrive à faire des points, à gagner, ce sera tous ensemble. Il ne faut pas commencer à se disperser, à tirer les uns sur les autres. Un match, ça se gagne avec tout le monde.» Une réaction est attendue, ce samedi à 18h face à Saint-Gall, un adversaire contre lequel YS a obtenu trois résultats sans appel la saison dernière: deux claques à l'extérieur (5-1, 4-0) et une victoire 1-0 dans son Stade municipal fétiche.