Même si la blessure est refermée, Coralie Ambrosini reste une personne «très émotive» comme elle se décrit. Au milieu du documentaire consacré à son parcours, la Fribourgeoise est obligée de s'arrêter de parler, les larmes lui montant aux yeux. «Aujourd'hui, ça va beaucoup mieux, mais raconter, durant une heure, toute sa vie entre ses 15 et 20 ans, c'est une grosse étape, appuie la sprinteuse. Ce n'était pas un exercice facile.» Surtout quand on connaît les défis qu'elle a dû traverser et qu'elle partage dans un documentaire pour Swiss Olympic, «The Resilience Run - The Story of Coralie Ambrosini».
Il faut dire que l'adolescence de la Bulloise n'a pas été de tout repos, bien au contraire. Elle est passée dans une dépression profonde et dans l'anorexie. «C'était dû à une accumulation de choses, nous explique-t-elle. Je venais de rentrer au gymnase et j'étais de nature très anxieuse. Si j'avais consulté à 15 ans, on m'aurait trouvé des symptômes dépressifs.» À cela s'ajoute son envie de bien faire dans sa passion, l'athlétisme. Elle saute alors certains repas et se prive de nombreux aliments pour perdre du poids. Jusqu'à un soir d'hiver où, à l'entraînement, elle s'écroule de fatigue.
Un internement… à vie?
Dans son documentaire, Coralie Ambrosini parle également d'un moment poignant de sa vie de jeune adulte. Après un rendez-vous chez un psychiatre, celui-ci lui dit: «Vous êtes en dépression profonde. En général, les gens de votre âge qui font de telles dépressions sont internés… Peut-être à vie.» Alors qu'elle vient de fêter ses 18 ans, la Fribourgeoise veut montrer qu'elle peut se battre et en guérir. Après deux ans de travail intense, elle parvient à en sortir.
Après avoir parlé de son histoire dans plusieurs médias régionaux, Coralie Ambrosini a été approchée par Playground, une société de production. «Puis, on est allés vers Swiss Olympic qui a accepté de le financer à 100%.» Celui-ci s'inscrit dans le cadre de «Femme et sport d'élite», un projet qui aide les athlètes d'élite féminines à optimiser leurs performances.
«Le trouble mental ne touche pas que les gens faibles»
«Le but de cette prévention n'est pas de parler de moi, mais plutôt de santé mentale, tient à souligner la Bulloise. On a l'impression que le trouble mental touche les gens faibles, mais ce n'est pas le cas. Il faut expliquer aux coachs, aux fédérations, aux clubs ou aux parents comment détecter rapidement les signes et qui contacter, que ce soit les psychothérapeutes ou les médecins du sport qui sont formés à cela.»
Et Coralie Ambrosini sait de quoi elle parle, elle qui est toute proche de terminer son Master en psychologie grâce au programme UniDistance. «Je vais plutôt travailler en entreprise dans les ressources humaines et pour le bien-être des collaborateurs», précise-t-elle. Mais au fond, son but sera aussi d'éviter que des personnes tombent dans le même trou noir qu'elle.