Andreas Dahlmeier peine à imaginer qu'une tombe puisse être la dernière demeure de sa fille. «Si Laura reposait dans un cimetière et que des gens passaient devant elle toute la journée, elle lèverait les yeux et se dirait: 'Mon Dieu, encore quelqu’un… Laissez-moi tranquille!'», confie l’homme de 58 ans dans une interview accordée au journal allemand «Sport Bild».
Laura Dahlmeier repose désormais dans les montagnes pakistanaises du Karakorum, où elle a perdu la vie fin juillet, à 31 ans, emportée par une chute de pierres. «Laura est probablement décédée sur le coup», estime son père. Engagé depuis des décennies dans les secours en montagne à Garmisch-Partenkirchen, Andreas Dahlmeier connaît les dangers de l’alpinisme... tout comme sa fille, d'ailleurs. «Laura a toujours été très prudente, poursuit-il. Mais en montagne, il faut aussi une part de chance. Et plus on y va souvent, plus le risque qu’il arrive quelque chose un jour augmente. On en est conscient.»
«Enterrée là où elle était heureuse»
Les conditions après l’accident ont encore compliqué la situation. «Dans les jours qui ont suivi, un violent orage a éclaté, se souvient-i. De nombreuses pierres sont tombées et ont enseveli Laura.» La récupération du corps était dès lors impossible. «Peut-être que c’est aussi ce qu’elle aurait voulu. Laura est enterrée là où elle était heureuse, là où elle se sentait libre. Je pense que c’est exactement ce qu’elle aurait souhaité: trouver la paix en montagne.»
En Allemagne, son souvenir reste pourtant bien vivant. Un mémorial a été érigé dans le Kurpark de Garmisch-Partenkirchen. Les visiteurs s’y rendent encore régulièrement, ce qui touche profondément son père. «Quand j’y vais, je ne suis jamais seul. L’élan de sympathie est immense.»
Des funérailles pensées par Laura elle-même
La cérémonie funéraire, en revanche, s’est déroulée dans la plus stricte intimité. Un choix délibéré. «Laura avait dit que seules les personnes qu’elle aimait devaient venir. Celles qu’elle n’aimait pas ne devaient pas être là. Elle était très claire là-dessus», explique Andreas Dahlmeier. Le 11 août, quelque 200 invités issus notamment du monde de l’alpinisme et du biathlon se sont ainsi réunis dans l’église Saint-Antoine de Garmisch-Partenkirchen.
Malgré son jeune âge, Laura Dahlmeier avait elle-même décidé de la forme que prendraient ses funérailles. Pour la musique, elle avait choisi Oberreintal, une chanson emblématique chez les alpinistes, qui porte le nom d’une vallée située au sud de Garmisch.
Après la mort de sa fille, Andreas Dahlmeier a ressenti le besoin de prendre ses distances avec la montagne. Mais il y est depuis retourné. Et il en est convaincu: «C’est exactement ce que Laura aurait voulu. Elle aurait dit: 'Gardez un bon souvenir de moi, mais la vie continue. Ne vous cachez pas. Retourne grimper, papa'.»