Les chars romains, sur l'eau
SailGP, après Lady Liberty, cap sur le Jet d’eau!

C’est l’équivalent des courses de chars des Romains, mais sur l’eau. Dans un mois, Genève accueillera pour la première fois les régates les plus spectaculaires jamais inventées et dans lesquelles le catamaran suisse se défend mieux que jamais.
Publié: 09:46 heures
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Dernière mise à jour: 09:47 heures
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Après New York, le SailGP va lever la voile à Genève.
Photo: DUKAS
Philippe Clot
Philippe Clot
L'Illustré
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SailGP... Qu’est-ce que c’est?

Cette compétition de régates a été lancée en 2019 par la légende vivante néo-zélandaise de la voile Russell Coutts avec l’appui financier du patron de l’entreprise informatique Oracle, le multimilliardaire Larry Ellison. Ce spectacle unique au monde accoste à Genève dans un mois. La Cité de Calvin est en bonne compagnie: Los Angeles, San Francisco, New York, Sydney, Auckland ou encore Saint-Tropez font partie des 12 villes d’accueil de cette cinquième édition. Ce sera la toute première fois que les catamarans F50, au nombre de 12 cette année, se confronteront dans et surtout au-dessus, foils obligent, de l’eau douce.

Au programme de ces deux jours de course: sept régates réunissant tous les bateaux et une finale décisive pour décider du podium. Si les vents ont la bonne idée de souffler, ce spectacle est la version contemporaine des courses de chars du Cirque Maxime de Rome il y a près de 2000 ans. Croisement au millimètre à plus de 60 km/h, voire à plus de 90 km/h, des rebondissements pour cause de virement de bord raté ou de pénalité pour non-respect des règles de priorité, des côte-à-côte haletants, des remontées héroïques et des passages de la ligne d’arrivée se jouant parfois au dixième de seconde. Et tout se passe aussi près du rivage que possible pour que le public des tribunes en ait pour son argent. Tout est fait pour que la voile devienne un spectacle même pour les non-initiés. Et comme ces bateaux défendent chacun un drapeau national, il y a même de la place pour un brin de chauvinisme.

Ces catamarans de 50 pieds (15,24 m) à aile rigide embarquent six membres d’équipage (quatre en cas de vents faibles). Le règlement précise qu’une femme au moins doit faire partie de l’équipe. Tous les bateaux sont rigoureusement semblables. Seules la maîtrise, la coordination, la vista du pilote et de ses cinq équipiers font la différence, sans oublier l’inévitable brin de chance qui peut être décisif, surtout en cas de vents capricieux. Enfin, pour le classement de chacune des étapes, des points sont attribués à chaque équipe en fonction de sa position à la fin de chaque course. Le premier reçoit 10 points, le deuxième 9 points, et ainsi de suite. A la fin des courses de la flotte, les trois équipes ayant accumulé le plus de points se qualifient pour la finale. La finale est une seule course «vainqueur prend tout» qui détermine le champion de l’événement. Même système pour le classement général.

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Comment va le bateau suisse?

Photo: Ricardo Pinto for SailGP

SailGP en est à sa cinquième saison. Le bateau suisse à sa troisième. Les deux premières années ont été difficiles pour le bateau helvétique. En 2022-2023, avec Sébastien Schneiter comme pilote, il avait terminé à la huitième place sur neuf concurrents. Pour un nouveau venu, il était normal de se faire les dents. Mais en 2023-2024, avec l’Australien Nathan Outteridge aux commandes, les marins suisses terminent dixièmes et derniers. Il y a le feu au lac. On renouvelle donc l’équipage et le Genevois Sébastien Schneiter revient à la barre. Et ça décolle enfin! Le mois dernier, lors du Grand Prix de Portsmouth, le team Switzerland se qualifie pour sa première finale, après avoir presque franchi ce cap à San Francisco en mars. Désormais septièmes sur 12 bateaux au classement intermédiaire, nos marins ne font donc plus de la figuration. Avant l’étape genevoise, ils vont quand même devoir confirmer leur montée en puissance ce week-end des 16 et 17 août en Allemagne, à Sassnitz, puis à Saint-Tropez les 12 et 13 septembre. Pour la première venue en Suisse de ce grand cirque de la voile une semaine plus tard, il serait épatant que le catamaran à croix blanche se batte aux avant-postes. Pour la petite histoire, Sébastien Schneiter a reçu juste avant l’étape anglaise les conseils de Roger Federer pour l’aider à gérer la pression dans ces régates où tout peut se gagner ou se perdre en une fraction de seconde. «La pression peut mener à de bonnes ou de mauvaises décisions. Ce qui compte, c’est de savoir comment gérer ces moments de tension. Je pense que plus on les vit, plus on est impliqué, plus on prend de bonnes décisions.» Dixit Federer.

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Les fragilités de SailGP

Photo: Ricardo Pinto for SailGP

Ce grand cirque de la régate doit faire avec deux impondérables qui sont ses talons d’Achille. Le premier, c’est le vent, qui ne se commande pas. Or il faut des airs d’au moins 7 nœuds (13 km/h) pour que les catamarans AC40 parviennent à se hisser sur leurs foils et que les courses prennent alors tout leur sens et soient spectaculaires. Car la magie des lois de la physique mécanique permet à ces bateaux, subitement libérés de la traînée des coques dans l’eau, de se déplacer au moins trois fois plus vite que le vent. Il faut donc prier pour qu’une bise, qu’un joran ou qu’un vent du sud-ouest souffle durant ce week-end à Cologny (GE).

L’autre point faible potentiel de cette compétition, c’est la casse matérielle. Il est pratiquement impossible de réparer des avaries dans un court laps de temps, contrairement à la formule 1 par exemple. On ne peut qu’espérer qu’aucun bateau ne subisse de dégâts avant ou pendant les courses, afin que les 12 concurrents puissent défendre leurs chances à Genève jusqu’au bout du week-end.

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Infos pratiques

Photo: Kieran Cleeves for SailGP

Dates et lieu: 20 et et 21 septembre. Les tribunes et les installations pour les spectateurs seront situées au quai de Cologny 61, à Cologny (GE).

Site internet officiel: sailgp.com. On peut y acheter des billets (92 fr.) pour les tribunes. On peut y suivre aussi la compétition en direct.

A la télévision: toutes les courses du SailGP sont également diffusées en libre accès et en direct avec des commentaires en français sur la chaîne de Swisscom blue Zoom.

Un article de «L'illustré» n°33

Cet article a été publié initialement dans le n°33 de «L'illustré», paru en kiosque le 14 août 2025.

Cet article a été publié initialement dans le n°33 de «L'illustré», paru en kiosque le 14 août 2025.

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