«J'ai vu une tenue colorée»
Le jour du drame, Muriel Furrer n'a été retrouvée que par hasard

Il y a un an, Muriel Furrer a perdu la vie pendant les Championnats du monde de cyclisme à Zurich. Blick s'est entretenu avec l'homme qui a retrouvé l'athlète allongée dans la forêt.
Publié: 10:45 heures
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Il y a un an que Muriel Furrer est décédée dans des circonstances tragiques.
Photo: IMAGO/frontalvision.com
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Daniel Leu

Un an après la mort tragique de Muriel Furrer, jeune cycliste suisse talentueuse de 18 ans, de nombreuses questions restent sans réponse. Pourquoi est-elle restée si longtemps dans la forêt, inanimée, sans être détectée? Pourquoi est-elle sortie de la route? Comment ce drame aurait-il pu être évité? 

Blick peut désormais faire la lumière sur une part d'ombre de cette triste journée. Parmi les nombreux doutes qui entourent le décès de Muriel Furrer, il s'agissait de savoir qui l'a trouvée allongée dans la forêt, hors de la route. Michael T.*, qui faisait partie du dispositif de sécurité des Championnats du monde de cyclisme lors de ce funeste 26 septembre 2024 s'est confié à Blick sur le triste hasard qui l'a mené sur les lieux du drame: «Oui, je l'ai trouvé dans la forêt ce jour-là. Malheureusement trop tard, comme cela s'est avéré par la suite», explique celui qui souhaite rester anonyme. 

«Rien vu qui m'ait inquiété»

Une enquête menée par Blick il y a un an révélait que Muriel Furrer était tombée dans la forêt au-dessus de Küsnacht (ZH) à 11h04 et qu'elle était sortie de la route. Mais elle n'a été retrouvée que vers 12h40. Pendant près de 100 minutes, elle est donc restée seule et gravement blessée.

En ce jour pluvieux, Michael T. était également en mission dans cette forêt. Ses tâches consistaient à veiller à ce qu'aucun spectateur ne se promène sur la route, à mettre en garde les concurrentes (par exemple face aux feuilles mortes sur la route) ou à leur demander de ralentir leur vitesse. Quelques minutes avant l'accident, Micheal T était en train de monter à pied dans cette zone. «Qu'on se déplace au bord du parcours pour remplir ce rôle, c'est normal. Il faut d'abord avoir une vue d'ensemble et ensuite décider où il est le plus judicieux d'avertir les cyclistes.»

Michael T. n'a toutefois rien remarqué de l'accident. «Quand on est sur le bord de la route pendant une course, il faut faire très attention. On n'a donc pas le temps de regarder qui vient à notre rencontre. Je n'ai rien vu qui m'ait inquiété.»

«Ça n'a pas toujours été facile»

Alors que la course était terminée depuis longtemps et que personne ne se doutait encore que Muriel Furrer se trouvait toujours hors de la route, dans la forêt, Michael T. s'est déplacé à pied vers le bas de la vallée pour rejoindre sa moto, qu'il avait garée plus bas dans le village. «J'aime observer la forêt, car on y voit souvent des animaux sauvages. C'est ainsi que je suis descendu le long de la route et que j'ai regardé dans la forêt. C'est là que j'ai remarqué une tenue rouge colorée sur le sol vert et brun. Ma première pensée? C'est un membre du service civil qui s'est couché jusqu'à la prochaine course, ce qui, comme chacun sait, n'était pas le cas. J'ai alors immédiatement signalé l'accident par radio. Ensuite, tout a suivi son cours.»

Par respect pour les proches de la famille, Michael T. ne souhaite pas décrire exactement ce qu'il a vu. Il ne souhaite pas non plus parler en détail de ses sentiments. «Ce jour-là, ainsi que les semaines qui ont suivi, ça n'a pas toujours été facile, mais cela fait malheureusement aussi partie du travail que j'ai choisi il y a longtemps. Savoir que l'on a agi correctement aide à digérer ce malheur.»

Pour Michael T., cette tragédie est probablement due à un enchaînement de circonstances malheureuses. «Malheureusement, il y aura toujours des accidents dans le cyclisme de compétition. La combinaison d'un matériel de plus en plus rapide, de la météo et d'un manque de protection sont de mauvaises conditions de base.»

A l'approche du premier anniversaire de la mort de Muriel Furrer, l'homme est songeur. «Je sais qu'il y aura encore des jours difficiles pour la famille et les amis, mais aussi pour l'organisation, ses assistants et moi-même. Je souhaite à tous la force de bien surmonter ces temps difficiles.»

* Nom connu de la rédaction

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