En tant que quadruple champion olympique, le sauteur à ski Simon Ammann s'est depuis longtemps immortalisé dans l'histoire des sports d'hiver comme l'un des plus grands. Mais depuis des années, le Saint-Gallois s'efforce sans grand bruit de laisser sa marque dans un tout autre domaine sportif: le sport pour les personnes souffrant d'un handicap cognitif. Cela signifie que les capacités intellectuelles sont réduites chez ces personnes.
Simon Ammann est président du conseil de fondation de Special Olympics Switzerland depuis trois ans déjà, et auparavant ambassadeur pendant dix ans. Special Olympics est la fondation suisse qui fonctionne comme organisation faîtière pour les intérêts correspondants dans le sport.
Aujourd'hui, le double champion olympique parle pour la première fois en détail de son engagement jusqu'alors inconnu. Il s'agit de tout sauf d'un travail de figuration. Ammann estime le temps qu'il consacre à son bénévolat à 20% par semaine.
«C'est une belle tâche»
Parallèlement à sa carrière active, qu'elle mène toujours à grand renfort d'entraînements, à sa famille de trois enfants et à ses études d'économie d'entreprise à la HSG de Saint-Gall, cette légende des sports d'hiver s'est prise d'affection pour le sport handicap, au point de s'y investir avec feu et passion. Simon Ammann aide l'équipe opérationnelle autour du directeur Bruno Barth à trouver des fonds, ce qui est la tâche la plus importante de la fondation. Mais il participe aussi à des entretiens avec des entreprises lorsqu'il s'agit de thèmes généraux d'inclusion. Et Simon Ammann est présent lors d'événements sportifs, y compris ceux qui durent plusieurs jours à l'étranger, comme les World Games de Berlin en 2023.
Avant d'être sollicité pour un rôle d'ambassadeur en tant que sportif de premier plan, le sauteur à ski ne s'était pas vraiment penché sur le sujet. Dans son entourage, Simon Ammann n'avait auparavant aucun contact avec des personnes mentalement handicapées.
«Mais lorsque j'ai assisté à un événement, j'ai tout de suite été saisi, car le sport est totalement au centre. Les athlètes dégagent une positivité incroyable. Ils vous donnent presque plus que ce que vous pouvez leur donner», décrit le Saint-Gallois. Lorsque l'on cherche un nouveau président en 2022, il se présente à l'élection. «C'est une belle tâche. Nous mettons maintenant les bouchées doubles.»
Simon Ammann défie les fédérations sportives
Lors d'un entretien pendant une pause d'entraînement au tremplin d'Einsiedeln (SZ), le sauteur à ski décrit l'orientation qu'il souhaite donner à la fondation. «À la fin de mon mandat en 2030, je veux pouvoir regarder en arrière et voir que nos athlètes sont affiliés au sport régulier.»
En clair, cela signifie que Special Olympics exige que ses athlètes soient rattachés aux fédérations traditionnelles: «Que par exemple les skieurs soient affiliés à Swiss-Ski, les cyclistes à Swiss Cycling et ainsi de suite.»
Il insiste, le rattachement souhaité au sport régulier n'est pas une question d'argent, mais d'intégration sociale. «Nos athlètes ne doivent pas être marginalisés, ce n'est pas juste. Nous devons être intégrés dans la famille du sport», déclare-t-il. Le double sportif de l'année cite un exemple: «Nous voulons aussi participer un jour aux Sport Awards.» Tout comme le para-sport, la branche des athlètes handicapés physiques, y est déjà parvenu. Mais Simon Ammann annonce également les premiers succès pour son domaine. De nouveaux services cantonaux conseillent les clubs sur la manière de mettre en place des offres.
En 2029, les Jeux auront lieu en Suisse
«Cela ne se fait pas du jour au lendemain. C'est un combat», souffle-t-il. En Suisse et dans le sport en particulier, on a tendance à regarder chacun de son côté. Mais le thème de l'inclusion est aussi parfois considéré de manière critique «en interne». «Les institutions spécialisées dans le handicap cognitif s'y opposent également. Elles ne s'ouvrent que lentement.»
Le président du conseil de fondation espère que le grand événement à venir donnera un coup de pouce. La Suisse accueillera les Special Olympics World Winter Games en 2029. Environ 3200 participants internationaux sont attendus dans quatre ans sur les sites de compétition de Coire, Lenzerheide et Arosa. Le rêve de Simon Ammann: que les World Games en Suisse puissent marquer une sorte de percée pour l'inclusion. Pour cela, le sauteur à ski veut continuer à apporter son aide: «Les personnes souffrant de troubles cognitifs ne peuvent souvent pas s'engager pour elles-mêmes. C'est pourquoi il est si important que nous le fassions pour eux.»