L'alpiniste parle de sa tentative de record avortée sur l'Everest
Karl Egloff: «J'ai vu deux cadavres le même jour, ça m'a choqué»

Karl Egloff voulait être le premier homme à gravir le mont Everest et en revenir en moins de 24 heures. Mais à près de 7000 mètres, il a fait demi-tour: trop de vent, trop de doutes, trop de risques. Il nous raconte cet abandon.
Publié: 15:34 heures
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Dernière mise à jour: 17:14 heures
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Depuis fin mai, Karl Egloff est de retour en Suisse.
Photo: Christian Merz
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Nicolas Horni

Il voulait être le premier à relier le camp de base au sommet de l’Everest et à revenir en moins de 24 heures, et ce sans oxygène supplémentaire. Mais à près de 7000 mètres, son instinct lui a dit d’arrêter. Après 60 jours passés dans l’Himalaya, Karl Egloff est rentré en Suisse, accueilli chaleureusement à l’Aéroport de Zurich par sa femme et son fils. Trois semaines plus tard, il se remet encore de sa tentative de record du monde, aussi bien physiquement que mentalement.

«Depuis que je suis rentré à la maison, beaucoup de choses me passent par la tête. J’organise mes prochains projets, des conférences, je prépare la suite de l’année. C’est la première chose. Dans un second temps, je récupère, je veille à manger suffisamment de croissants et à boire du café», confie l'aventurier au «Tages-Anzeiger». Son corps a beaucoup souffert de l’altitude, et aujourd’hui, son sommeil est perturbé: «Parfois, je ne sais même pas où je suis en me réveillant.»

«J'ai vu deux cadavres sur la montagne le même jour»

Il ne se tourmente pas vraiment pour ce record du monde manqué. «En alpinisme, on ne peut influencer que très peu de choses. La météo ne s’est pas améliorée, elle a été instable toute la saison.» Lorsqu’il est arrivé à environ 7200 mètres, il a regardé en direction du sommet, et c'est alors qu'il a su que ce ne serait pas possible. «Je me suis dit que ça ne finirait pas bien et que je ne pourrai sans doute pas sortir de la zone de la mort.» (En alpinisme, zones situées au dessus de 8000 mètres).

Et puis un autre évènement est rentré en jeu: «Le même jour, j'ai vu deux cadavres coincés sur la montagne, ça m'a profondément marqué». La décision de faire demi-tour s'est alors imposée comme une évidence. Sur le chemin du retour, il a aidé un alpiniste épuisé. «Là, je suis redevenu guide de montagne. C’était la bonne décision. Plus tard, en regardant à nouveau vers le sommet depuis le camp de base, les congères me l’ont confirmé: les conditions étaient devenues encore plus extrêmes.»

L'alpiniste entend les critiques

Le retour a également été décidé pour l’équipe de tournage qui accompagnait l'alpiniste. Même chose pour son concurrent Tyler Andrews, avec qui il se disputait le record. Peu après, ce dernier est soudainement réapparu sur la montagne, et a échoué une troisième fois dans sa tentative. 

«J’étais déjà à Katmandou. Nous devions encore faire une dernière interview ensemble. Mais il n’est tout simplement pas venu. Personne ne savait où il était. Plus tard, on a appris qu’il retournait au camp de base en hélicoptère.»

L'aboutissement d'un parcours

Cette action de son concurrent a suscité des critiques, mais Karl Egloff a aussi été visé. Dans les commentaires et les chroniques, certains ont remis en question son projet et les enjeux derrière: alpinisme ultra-rapide, production de film, duel avec son concurrent. Peut-on vraiment concilier tout cela? 

L'intéressé comprend ces interrogations. «Dans mon cas, c’est l’aboutissement d’un parcours. Mes jambes portent 15 ans d’expérience dans ce sport. Ce n’était pas la première fois que je mettais des crampons.» 

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