L'ambiance n'est pas au beau fixe ce lundi matin à la halle Saint-Léonard de Fribourg. François Gomez n'hésite pas à élever la voix après certains exercices, n'étant pas satisfait du rendement de son équipe. Ce sont les débuts d'une préparation qui aura duré un peu moins de trois semaines et qui aura vu la Suisse disputer cinq matches amicaux, pour autant de défaite.
Lorsque Blick retrouve le sélectionneur français, la tension est redescendue. Durant une demi-heure, le coach s'est confié sur son passé, son présent avec l'équipe de Suisse mais également son avenir. Interview.
François Gomez, dans quel état d'esprit avez-vous retrouvé votre équipe après la qualification historique?
Il y a une chose que je regrette dans ma programmation: c'est de ne pas avoir fait la fête en arrivant le premier jour. On n'a pas célébré la qualification puisqu'on est tous rentrés chez nous, sans savoir si on allait disputer l'Euro. On aurait dû faire une bringue.
Par contre, dans le discours, vous les avez quand même félicitées?
Oui. Et rapidement, on a dit: « Stop. Ça y est, c'est fait. Maintenant, c'est une autre histoire.» C'est un autre niveau de compétition, puisqu'il y a les 16 meilleures équipes européennes. Il faut vraiment se préparer car le pire est à venir. Il est difficile de dire «Allez, la Suisse peut poursuivre sur sa lancée.» Des éléments nous imposent d'être raisonnables.
Mais vous avez quand même des objectifs pour ce championnat d'Europe, non?
Oui. J'en ai proposé aux filles et j'attends qu'elles se les approprient. Il y en a des sportifs, mais pas que. Il faudra de toute façon prendre un match à la fois: d'abord la Grèce en ouverture, puis la Turquie. La France, ce sera notre match de gala.
Quand vous êtes arrivé à la tête de l'équipe de Suisse, elle avait perdu ses deux premiers matches de qualification. Comment trouvez-vous les joueuses à ce moment-là?
En grande difficulté psychologique. Pour gagner un match, il a fallu transformer les choses et créer de la confiance et de l'estime en soi que les filles avaient perdues. Grâce à cela, elles ont développé de la solidarité et de l'ambition. Elles n'ont plus peur de personne. Lors du premier stage, on n'a pas parlé basket. J'ai fait venir un intervenant extérieur pour parler de la cohésion du groupe.
Y avait-il une recette miracle au moment où vous débarquez à la tête de l'équipe?
Moi, je travaille plutôt à l'instinct et aux croyances. Je sentais qu'il y avait quelque chose à faire avec ces joueuses, mais je vais être honnête: j'ai été le premier agréablement surpris d'obtenir des résultats si vite. J'avais discuté en préambule avec la direction de Swiss Basket et je leur avais dit qu'on devait déjà réfléchir à la campagne de qualifications suivante. Mais il y a eu une connexion entre mon discours et le groupe.
De manière plus globale, vous avez rejoint la Suisse en 2022, à la tête des U20. Pourquoi avoir pris cette décision?
Pour gagner énormément d'argent (rires). Plus sérieusement, je connaissais Erik Lehmann (ndlr: le secrétaire général de Swiss Basket) puisque nous avions été collègues à la Fédération française de basket. Je n'ai jamais aimé être en vacances donc je me suis toujours occupé d'équipes nationales. Je lui ai dit: «Si vous cherchez quelqu'un.» On m'a alors confié les U20 et j'ai découvert un projet, un endroit où je pouvais amener quelque chose.
Ce mercredi 18 juin, vous allez disputer votre premier match de l'Euro face à la Grèce. On imagine que vous vous réjouissez quand même?
Il faut savoir une chose: l'histoire va mal se terminer pour nous, de toute façon. C'est un très beau film mais la chute va nous déplaire. Il faut juste essayer de la repousser au maximum. Après, si on arrive à faire un nouveau miracle et prendre une branlée en quarts de finale, ça me va.