Entre les magnifiques montagnes, la verdure éclatante et le tintement sourd des cloches de vaches, se trouve le Hornerhof. Un peu à l’écart de Glaris, là où la vallée s’ouvre et où le tumulte s’estompe, vit un animal qui fera bientôt sensation sur la plus grande scène de la lutte suisse: Zibu, le taureau couronné roi de la Fête fédérale de lutte et des jeux alpestres à Mollis, dans le canton de Glaris.
Son éleveur, Bert Horner, incarne ce que représente la Fête fédérale de lutte: une tradition vivante, l'attachement au terroir et la fierté paysanne. Sa ferme, immortalisée sur de vieilles photos, a évolué avec le temps, mais reste fidèle à ses racines: simple, fonctionnelle et profondément ancrée dans le sol glaronais.
Dans un entretien accordé à Blick, Bert Horner raconte sa vie et celle de Zibu – le taureau le plus célèbre de Suisse.
Un héritage familial et un taureau de réserve prêt à entrer en scène
Que le puissant Zibu soit né ici n’a rien d’un hasard. L’histoire commence lors d’une réunion de la coopérative laitière, quand Köbi Kamm, président du comité d’organisation, lança l’idée d’accueillir la Fête fédérale de lutte à Glaris. Bert Horner, dans un élan spontané, répliqua: «Je m'occupe du taureau!» Une phrase devenue promesse – puis réalité.
Zibu est issu de son propre élevage, fruit d’une sélection soignée. La passion de Bert Horner pour la lutte ne date pas d’hier: il n’a jamais combattu lui-même, mais suit chaque Fédérale depuis 2002. Ses fils ont pris le relais de la ferme: Peter, ancien champion fédéral, et Samuel, toujours actif sur les ronds de sciure.
Dans l’étable, Zibu n’est pas seul: son remplaçant est déjà prêt, un autre magnifique spécimen. «Mais Zibu est en parfaite santé, nous espérons ne pas en avoir besoin», précise Bert Horner.
1330 kilos de sérénité
Zibu impressionne par ses 1330 kilos, mais il dégage une tranquillité déconcertante. Lors des séances photo, il reste immobile, paisible, presque docile. «Il est très proche des gens. Nos petits-enfants jouent autour de lui sans problème», raconte Bert Horner.
Habitué aux foules, il a déjà participé à l’Olma et au marché de Sargans. «Il garde son calme, et ça vaut de l’or quand on sait qu’il affrontera 60'000 spectateurs dans l’arène», souligne son éleveur.
Pas de fantaisie dans l’alimentation
Chaque détail compte: Zibu s’entraîne et sort tous les jours. Longtemps, il a parcouru les 30 kilomètres de l’alpage à pied, mais Bert Horner préfère aujourd’hui limiter les risques. Son régime est simple: du foin l’été, un mélange de silo et de foin l’hiver, complété par un aliment spécial pour taureaux. «Pas d’expérimentations, juste une bonne nourriture», insiste l’éleveur.
Le quotidien du géant est sobre: manger, se reposer, être soigné. Une routine qui entretient sa force et son calme.
Un nom qui vient du fromage
Derrière son nom se cache une origine locale. «Zibu» n’a rien d’exotique : il vient de Geska, la laiterie glaronaise partenaire de la Fête fédérale de lutte. Leur produit phare, le Zigerstöckli, existe aussi en version «Zibubüchse» – un assortiment de spécialités qui a inspiré ce nom.
Zibu a pour parrains deux légendes: Vreni Schneider, icône du ski, et Eugen «Geni» Hasler, détenteur de 101 couronnes. Mais Bert Horner sourit: «Je pense qu’ils devraient venir plus souvent, ça fait longtemps que je ne les ai pas vus.»
L’œuvre d’une vie
Pour Bert Horner, Zibu n’est pas un coup de chance, mais le fruit de plus de quarante ans de travail et de passion. «Je suis très fier», confie-t-il. «C’est le sommet de ma carrière d’éleveur.»
En attendant la grande fête, Zibu reste dans son étable, là où il se sent le mieux. Mais le jour venu, il entrera dans l’arène – tel un roi, prêt pour son couronnement.