«De la gratitude malgré tout»
Treize mois après le drame, la mère de Muriel Furrer livre un témoignage poignant

Un an après la mort tragique de sa fille Muriel lors des Mondiaux de cyclisme à Zurich, Christine Brand Furrer sort du silence. Invitée d’une émission consacrée à la foi, elle livre un témoignage bouleversant sur la dernière nuit passée aux côtés de sa fille.
Publié: 13:39 heures
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Dernière mise à jour: 13:41 heures
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La mère de Muriel Furrer, Christine Brand Furrer, parle ouvertement de la perte de sa fille dans l'émission télévisée «Fenster zum Sonntag».
Photo: Screenshot SRF
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Matthias Dubach

C’est une apparition inattendue, mais d’autant plus bouleversante. Christine Brand Furrer, la mère de la jeune cycliste Muriel Furrer, tragiquement décédée à 18 ans lors des Championnats du monde de cyclisme à Zurich en septembre 2024, s’exprime pour la première fois en détail sur ces heures sombres et la perte de sa plus jeune fille.

Invitée de l’émission télévisée Fenster zum Sonntag, diffusée sur les chaînes de la SRF et centrée sur les questions de foi, elle confie: «Ce qui est difficile, ce sont les anniversaires, les naissances et les fêtes comme Pâques ou la Pentecôte. Mais nous avons une belle vie.»

Dans ce cadre, Christine Brand Furrer évoque sans détour la place de la religion depuis le drame. «J’étais très en colère contre Dieu», admet-elle, avant d’ajouter que la foi lui a pourtant apporté une force immense pour se relever.

Une dernière nuit auprès de sa fille

Jusqu’ici, les parents de Muriel s’étaient exprimés deux fois — dans The Athletic (New York Times) et dans Le Temps — mais sans jamais revenir sur les heures passées à l’hôpital universitaire de Zurich. Cette fois, la mère livre un témoignage poignant.

«Quand les deux médecins sont venus nous annoncer le diagnostic, je me suis effondrée», raconte-t-elle. Tandis que son mari Reto restait auprès de leur fille en soins intensifs, elle a cherché refuge dans la chapelle de l’hôpital. «Pour y aller, il fallait traverser le café: les gens riaient, parlaient… C’était irréel. Le monde continuait à tourner alors que nous, nous étions figés dans l’horreur. Le soir, les médecins nous ont dit que Müri ne passerait probablement pas la nuit.»

Sur un lit de camp, seule, la mère a veillé sa fille jusqu’au matin. «Je lui ai chanté des chansons de son enfance. Toute sa vie a défilé devant moi. Malgré tout, j’ai ressenti de la gratitude. J’ai senti que Jésus était parmi nous.»

«Nous allons y arriver»

Christine Brand Furrer partage aussi des moments d’une douceur inattendue, qui peuvent inspirer d’autres familles frappées par le destin. Après avoir dit adieu à Muriel, la famille s’est réunie à leur domicile d’Egg, dans le canton de Zurich: les parents et les deux aînés, Michelle (21 ans) et Eric (23 ans). «Nous avons parlé, ri, partagé des souvenirs. Et à ce moment-là, j’ai su: nous allions continuer, nous allions tenir.»

Pour Eric, le frère, le deuil prend une tournure particulière. Grutier sur le chantier du nouvel hôpital universitaire, il travaille chaque jour sur le lieu même où Muriel a rendu son dernier souffle. «Ce n’est pas facile. Je vois souvent la Rega atterrir, comme ce jour-là», confie-t-il à Fenster zum Sonntag. «Quand un oiseau vient voler doucement autour de ma cabine, je me dis que c’est un signe qu'elle me fait.»

Elle voulait changer de discipline

Reto Furrer, le père, livre lui aussi un détail déchirant: Muriel envisageait d’abandonner bientôt la route pour se concentrer sur le VTT, une discipline qu’elle jugeait moins dangereuse que la course sur asphalte et ses descentes à vive allure.

Aujourd’hui, sa mère dit avoir cessé de chercher des réponses. «Depuis que j’ai arrêté de me demander pourquoi, je me sens mieux.»

Mais un vide demeure: treize mois après le drame, la famille attend toujours les conclusions officielles de l’enquête sur l’accident.

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