Nombreuses tensions à Bilbao
L'ampleur de la mobilisation propalestinienne secoue la Vuelta

La Vuelta 2023 est perturbée par des manifestations propalestiniennes en Espagne. L'étape de mercredi à Bilbao a été raccourcie suite à des heurts entre manifestants et police. Le soutien à la cause palestinienne est particulièrement fort dans le pays.
Publié: 16:37 heures
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«Notre pays proteste plus et plus fort que nos autres partenaires européens», a souligné jeudi le quotidien La Vanguardia.
Photo: AFP

Depuis 1935, seules 10 éditions de la Vuelta n'ont pas eu lieu, en raison de deux guerres et sous la dictature de Franco. Mais, aujourd'hui, ce sont les manifestations propalestiniennes liées au génocide à Gaza, particulièrement fortes en Espagne, qui compromettent son bon déroulement.

Mercredi, la 11e étape devait se clore à Bilbao, au Pays basque, mais bousculades et heurts de manifestants – dénonçant principalement la présence d'une équipe israélienne dans le peloton – avec la police ont contraint les organisateurs à raccourcir l'étape de 3 kilomètres et à ne pas désigner de vainqueur.

«Le Pays basque a montré une fois de plus aujourd'hui qu'il est un leader mondial dans la lutte pour les droits, la solidarité et la liberté des peuples», a alors déclaré le dirigeant indépendantiste basque, Arnaldo Otegi. Mais si de nombreux Basques voient des similitudes entre leurs propres aspirations nationalistes et la lutte des Palestiniens pour la reconnaissance de leur Etat, c'est bien dans toute l'Espagne que le soutien à la cause palestinienne est populaire.

Soutien inconditionnel

Accroché aux balcons, brandi lors des fêtes locales, le drapeau palestinien s'affiche souvent fièrement, en particulier chez les militants de gauche ou d'extrême gauche. Depuis deux ans, les manifestations contre les bombardements israéliens à Gaza et contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu sont fréquentes.

Suivant la ligne traditionnelle de la politique espagnole, voire l'accentuant, le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez a très tôt affiché un soutien inconditionnel aux Palestiniens, s'attirant régulièrement les foudres du gouvernement Netanyahu, qui comprend des ministres d'extrême droite. Israël n'a d'ailleurs plus d'ambassadeur à Madrid depuis mai 2024 et la reconnaissance de l'Etat de Palestine par le gouvernement espagnol.

Dans ce contexte, les manifestations de la Vuelta apparaissent jour après jour beaucoup plus importantes que celles observées lors du Tour de France ou du Giro en Italie, plus tôt cette année. Visée par ces manifestants, l'équipe Israël-Premier Tech: le long des étapes, drapeaux palestiniens et banderoles de revendications se succèdent, quand ce ne sont pas des manifestants vêtus de noir, comme des femmes palestiniennes, tenant de faux bébés morts dans les bras, qui occupent le bord de la route.

Ces manifestants ont parfois tenté d'interrompre la course en s'interposant devant les coureurs. Le cycliste italien Simone Petilli s'est même retrouvé à terre mardi. «Notre pays proteste plus et plus fort que nos autres partenaires européens, sans parler des voisins arabes de la bande de Gaza, qui sont plutôt silencieux», souligne jeudi le quotidien La Vanguardia, déplorant toutefois la forme de ces manifestations.

Pas de polémique

Dans le pays, qui n'a établi de relations diplomatiques avec Israël qu'en 1986, près de 40 ans après sa création, les incidents survenus à Bilbao ne suscitent toutefois pas de vive polémique.

Certains membres d'extrême gauche du gouvernement s'en sont même au contraire ouvertement réjoui, la ministre de la Jeunesse Sira Rego évoquant une «leçon d'humanité», tandis que la vice-présidente du gouvernement Yolanda Díaz saluait «l'engagement de notre pays (l'Espagne) face au génocide». «Toutes ces manifestations et actions ne doivent pas compromettre (...) le bon déroulement d'une compétition sportive», a toutefois insisté jeudi la ministre Elma Saiz à la télévision espagnole TVE, appelant à éviter «tout type d'accident».

Des appels à manifester ont toutefois été lancés pour la quasi-totalité des étapes de la Vuelta, qui doit s'achever dimanche 14 septembre à Madrid, autre lieu attendu de forte mobilisation. Depuis la création de l'épreuve en 1935, seules 10 éditions de la Vuelta n'ont pas eu lieu: durant la guerre civile (1937 à 1940), pendant la Seconde Guerre mondiale (1943 et 1944) et sous la dictature de Francisco Franco (1951 à 1954).

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