Un commentaire de Richard Werly
La France va tomber de sa falaise (et c'est grave)

La leçon de sérieux budgétaire infligée aux Français par François Bayrou ne passe pas. Pourquoi? Parce que tout le monde profite de l'argent public. Et que l'envie de révolution tenaille toujours une partie de la société, estime notre journaliste Richard Werly.
Publié: 25.08.2025 à 19:43 heures
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François Bayrou vient de l'annoncer: il engagera la responsabilité de son gouvernement le 8 septembre devant le Parlement.
Photo: keystone-sda.ch
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Richard WerlyJournaliste Blick

La France n’est pas au pied de la falaise. Elle est en train de tomber. Le pays a déjà un pied dans le vide. François Bayrou l’a compris, et sa décision d’engager la responsabilité de son gouvernement le 8 septembre, deux jours avant le mot d’ordre de blocage social du 10 septembre, en apporte la preuve. Le Premier ministre centriste sait que le grand saut financier, mais surtout politique, a sans doute sonné pour la République. Inutile, dès lors, de persister dans le déni.

Le problème est que la France, notre voisin et partenaire, va se faire très mal en tombant de cette falaise. Même si la confiance est votée, ce qui serait un succès extraordinaire (et aujourd’hui très improbable) pour Bayrou, son projet de budget 2026 et ses 44 milliards d’euros d’économies ne suffiront de toute façon pas à redresser la barre économique.

Pas d’efforts

Pour mémoire: cette somme si difficile à atteindre, puisque personne ne veut faire d’efforts ou presque, ne représente que 60% des 66 milliards d’euros que le pays devra payer en intérêts de sa dette en 2026! Impossible, avec une croissance atone d’environ 1% en 2025, d’espérer tisser le moindre filet de sécurité. D’un point de vue financier, la chute apparaît inévitable et Bayrou se sait tout près de la porte de sortie.

La question, dès lors, est de savoir pourquoi le Premier ministre en est arrivé là. Et pourquoi Emmanuel Macron, ce président modernisateur qui a fortement alourdi les finances publiques de son pays à hauteur de 1000 milliards d’euros depuis dix ans, n’a pas agi autrement ou tiré le signal d’alarme beaucoup plus tôt?

Bayrou et Macron sont résignés

La réponse est malheureusement simple. Malgré leurs exhortations à produire plus et à être compétitifs, Bayrou comme Macron sont en fait résignés. Ils savent que personne, en France, n’aime anticiper et accepter la loi des chiffres. Que personne n’est capable d’imaginer un Etat moins obèse et moins dépensier. Que l’idée ancrée dans le pays n’est pas celle du sursaut possible et indispensable, mais celle de la crise, puis de la révolution, inéluctable.

L’engrenage que vient d’enclencher avec courage François Bayrou est celui de l’incapacité collective française à accepter les faits. Le déluge d’argent public déversé depuis des décennies sur le pays a plongé presque toutes les familles dans une réalité virtuelle. La toxicomanie de la dette à grande échelle empoisonne et aveugle tout: la gestion nationale, celle des collectivités locales, celles du secteur associatif, celle des administrations.

Le FMI, seul recours?

La France est programmée pour tomber de la falaise parce que la majorité de sa population s’est habituée à produire moins, à épargner le plus possible, à vivre à crédit et à ne plus faire confiance à ses gouvernants. Lesquels, eux aussi, ne croient même plus à leurs propres mots d’ordre. Au point que certains affirment, en coulisses, qu’une intervention du Fonds Monétaire International en cas de faillite serait peut-être la meilleure solution…

Dans ce contexte, oui, François Bayrou a eu raison de clarifier les choses en engageant la responsabilité de son gouvernement le 8 septembre. Il a bien fait, aussi, d’indiquer la profondeur du gouffre qui attend la France. Ceux qui ne veulent pas voir ne pourront au moins plus dire: nous ne savions pas.

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