Rendez-vous le 8 septembre
Pour empêcher la faillite de la France, François Bayrou abat son joker

François Bayrou met le Parlement au pied du mur. Le 8 septembre, le Premier ministre sollicitera un vote de confiance pour faire face à la menace qu'il considère imminente: la faillite du pays en raison de son surendettement et du chaos social qui menace.
Publié: 18:07 heures
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Dernière mise à jour: il y a 51 minutes
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François Bayrou demandera la confiance du Parlement français le 8 septembre.
Photo: AFP
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Richard WerlyJournaliste Blick

La confiance ou le chaos. Les Français ont le choix. Et, avant eux, leurs 577 députés conviés par François Bayrou à voter (ou non) une motion de confiance le 8 septembre. Le chef du gouvernement avait convoqué à la dernière minute, lundi 25 août, une conférence de presse pour cette rentrée, afin de dramatiser au maximum son propos. François Bayrou engagera la responsabilité de son gouvernement sur une déclaration de politique générale dont le but annoncé est de remettre les finances publiques du pays sur les rails. 

Si la confiance est votée, le Premier ministre centriste demeurera en fonction, et il pourra aller de l’avant avec son projet de budget 2026 qui prévoit 44 milliards d’euros d’économies. Si l’inverse se produit, et qu’une majorité de députés votent contre lui, son gouvernement démissionnera aussitôt. Et ce, juste avant la journée très redoutée du 10 septembre durant laquelle plusieurs collectifs et syndicats veulent «bloquer la France».

Dos au mur

Pourquoi François Bayrou, 74 ans, Premier ministre depuis le 13 décembre 2024, a-t-il décidé d’abattre son joker et de tenter le tout pour le tout? La réponse est simple: l’exécutif est comme le pays, à savoir dos au mur.

L’actuel gouvernement, pour mémoire, n’a pas de majorité à l’Assemblée nationale depuis les élections législatives de juin-juillet 2024. Son prédécesseur Michel Barnier a d’ailleurs été forcé à quitter le pouvoir par le vote d’une motion de censure le 4 décembre 2024, après moins de six mois à la tête du gouvernement. Trois partis ont d’ailleurs annoncé, dans la foulée de la conférence de presse de François Bayrou ce lundi 25 août, qu’ils ne voteront pas la confiance: le Rassemblement national (droite nationale populiste), le Parti communiste et la France Insoumise (gauche radicale). Si les socialistes et les Verts se joignent à eux, François Bayrou sera battu.

Vote de confiance le 8 septembre

La seconde raison à la décision du Premier ministre de solliciter la confiance du Parlement est la menace de chaos social. Le vote du 8 septembre interviendra deux jours avant la mobilisation annoncée du 10 septembre et le risque de voir le pays être paralysé. Un départ forcé de François Bayrou placerait donc la France dans une situation de crise inédite. Crise politique, puisqu’il n’y aura plus de gouvernement. Crise sociale, vu le risque de blocage.

«
Chaque heure a augmenté la dette de 12 millions d’euros
François Bayrou, Premier ministre français
»

Et surtout risque financier majeur, puisque la dette publique du pays avoisine les 3350 milliards d’euros et que la charge de la dette sera, dès 2026, le premier poste budgétaire avec 75 milliards d’euros. En 2029, le pays devra rembourser 107 milliards d’intérêts de cette dette qui a augmenté de 2000 milliards depuis vingt ans. «Chaque heure a augmenté la dette de 12 millions d’euros», a asséné le Premier ministre français sur un ton très grave.

Ce scénario catastrophe promet de transformer les jours prochains en crise politique permanente en France, où la stabilité repose désormais, pour l’essentiel, sur le vote des 66 députés du parti socialiste, qui ne participe pas au gouvernement et se trouve dans l’opposition. S’ils refusent dans leur ensemble la confiance, Bayrou tombera. A l’inverse, leur abstention ou un vote de confiance reviendrait à le sauver.

La poudrière

Une chute du gouvernement Bayrou transformerait en poudrière la fin de présidence d’Emmanuel Macron, qui ne peut pas se représenter pour la présidentielle de mai 2027. C’est la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par le chef de l’Etat le 9 juin 2024 qui a précipité le pays dans cette situation. Macron peut, depuis le mois de juillet, de nouveau dissoudre l’assemblée. La Constitution l’obligeait à attendre un an. Mais à quoi servirait de renvoyer les députés devant les électeurs? La pression serait telle, alors, que son sort politique serait lié à d’éventuelles législatives. Sa démission anticipée ne pourrait plus être exclue.

Le joker de François Bayrou est, de facto, très présidentiel. Malgré son impopularité record (moins de 15% d’opinions favorables), le Premier ministre se retrouverait en position de force s’il obtient la confiance des députés et peut présenter son budget. Ironie peut être fatale: le centriste n’avait pas sollicité la confiance de l’assemblée après sa nomination en décembre dernier. Il s’y est résolu par obligation pour éviter que le pays, dit-il, tombe de sa falaise budgétaire. Dans une Europe affaiblie par la guerre commerciale de Donald Trump, et contrainte de dépenser plus pour sa défense, la France est apparue aujourd’hui telle qu’elle est: malade, très malade. Avec un besoin urgent d’une thérapie de choc.

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