En 2007, le Machu Picchu rejoignait le cercle très fermé des 7 Nouvelles merveilles du monde, aux côtés du Taj Mahal et de la Grande Muraille de Chine. Le sanctuaire inca, élu grâce à plus de 100 millions de votes, voyait alors son prestige renforcé. Mais aujourd’hui, ce statut est fragilisé, rapporte CNN jeudi 18 septembre.
L’organisation basé à Zurich New7Wonders, à l’origine du classement, alerte: le site risque de perdre sa «crédibilité» en raison de la surfréquentation, de lacunes dans sa conservation et de conflits sociaux. Le ministère péruvien de la Culture ne l'entend pas de cette oreille. Celui-ci rappelle que seul l'UNESCO est compétente pour juger de la préservation du patrimoine. Un vrai bras de fer s'engage.
Un titre sous pression
Dans un communiqué publié ce week-end, New7Wonders rappelle que ce titre implique «un engagement partagé pour la conservation et la gestion responsable du site». L’organisation dit avoir soumis aux autorités péruviennes un plan de transformation stratégique, mais estime que tout dépend désormais des décisions politiques locales.
Au-delà des tensions actuelles, l’organisation pointe une série de problèmes structurels: afflux massif de touristes, hausse des prix, risques de dégradation du patrimoine, pratiques opaques autour de la billetterie et manque de coordination institutionnelle. Le Machu Picchu devrait accueillir plus de 1,5 million de visiteurs en 2025, un chiffre record depuis 2019.
Quelles conséquences en cas de retrait ?
CNN a demandé à New7Wonders ce qu’il adviendrait si le Machu Picchu perdait son titre. L’organisation n’a pas donné de réponse claire. Ce label reste cependant un atout symbolique majeur, qui influence directement les choix de nombreux voyageurs. Sans lui, l’image du sanctuaire risquerait d’être ternie et de renvoyer celle d’un site mal géré, saturé ou en danger.
Ces inquiétudes surviennent dans un contexte social déjà tendu. Début septembre, des manifestations ont paralysé les trains menant au Machu Picchu, bloquant des milliers de visiteurs. En cause: la concession des transports vers le site, source de vives rivalités entre habitants, autorités et entreprises.
Lima défend son célèbre site
Le ministère péruvien de la Culture n’a pas réagi directement aux critiques de New7Wonders. Quelques heures plus tard, il a toutefois rappelé sur X que l’unique référence en matière de préservation du patrimoine restait l’UNESCO. L’organisation a inscrit le Machu Picchu en 1983, et le site ne figure pas sur la liste du patrimoine en péril. Mieux encore, lors de sa réunion annuelle en juillet à Paris, l’UNESCO a même salué les progrès réalisés par le Pérou dans la gestion des flux de visiteurs et la conservation du sanctuaire historique.
Pour l’heure, le Machu Picchu conserve son statut à l’UNESCO. Mais son titre honorifique de «merveille du monde» pourrait perdre de sa valeur, voire disparaître, si la gestion du site ne s’améliore pas. Une menace qui plane sur l’un des joyaux archéologiques les plus emblématiques de la planète.