Von der Leyen a obtenu un «deal»
Les 5 questions à poser d'urgence sur l’accord à 15% entre Trump et l’UE

Ursula von der Leyen et Donald Trump se sont félicités, ce dimanche 27 juillet, d'avoir conclu un «deal» commercial historique. Vrai? Il faut pour cela répondre à ces 5 questions.
Publié: 27.07.2025 à 21:34 heures
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Dernière mise à jour: 27.07.2025 à il y a 57 minutes
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Ursual von der Leyen l'a annoncé à l'issue de son échange d'une heure avec Donald Trump: «We have a deal» (Nous avons un accord).
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Richard WerlyJournaliste Blick

«We have a deal»: nous avons un accord! Ursula von der Leyen a adopté le langage de Donald Trump, pour annoncer vers 19 heures dimanche 27 juillet la fin des négociations commerciales entre l’Union européenne et les Etats-Unis. Pour l’instant, une seule annonce à l’issue d’une heure d’échange entre délégations en Ecosse, dans le club de golf de Turnberry, propriété de l’ancien promoteur immobilier New-Yorkais: un tarif douanier de 15% (et non plus 30%) sera imposé sur tous les produits européens à l’entrée du marché américain à partir du 1er août.

Alors, victoire ou défaite pour les 27 pays membres de l’Union européenne qui ont délégué la négociation commerciale à la Commission de Bruxelles? Pour le décider, il faut répondre à ces 5 questions.

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A qui profitent ces 15%?

La réponse est simple: aux Etats-Unis. Pour l’heure, les tarifs en vigueur à l’entrée du marché américain sont de 10%, et ce depuis début avril, date des annonces douanières de Donald Trump. Auparavant, les produits «Made in Europe» étaient en moyenne taxés à hauteur de 5%. On connaît l’objectif de Trump: résorber, par cette barrière tarifaire, le déficit commercial de son pays envers l’Union européenne. Or de façon très étonnante, Ursula von der Leyen a justifié cette démarche. Pour elle, l’accord sur les 15% rendra le commerce plus «équitable». Ah bon? La réalité est que Trump a gagné. Exporter vers les Etats-Unis coûtera plus cher aux industriels européens à partir du 1er août. Il leur faudra donc, soit rogner sur leurs marges pour absorber ces tarifs, soit augmenter leurs prix, au risque de perdre des clients.

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Ces 15% sont-ils définitifs?

La réponse est: on n’en sait rien. La Commission européenne négocie, depuis des mois, des tarifs différents selon les secteurs concernés. L'aéronautique et les produits pharmaceutiques sont à priori explus du «deal». Mais jusqu'à quand ? Le plus probable est que ces 15% soient, au final, une moyenne. On sait par exemple que l’acier européen exporté vers les Etats-Unis est taxé, depuis mars 2025, à 50%. Donald Trump a parlé, de son côté, d’une ouverture prochaine du marché européen aux produits agricoles américains et aux voitures «Made in America». Alors, que cachent ces 15%? Il faudra regarder le détail de l’accord. Mais encore une fois, pas de doute: le gagnant se nomme Donald Trump. L’intérêt objectif de l’Union européenne était de conserver son excédent commercial.

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Ces 15% cachent-ils d’autres «deals»?

C’est bien ce qu’il va falloir regarder de près. Donald Trump et son secrétaire au Commerce Howard Lutnick ont annoncé en Ecosse des investissements européens aux Etats-Unis et l'augmentation des importations énergétiques européennes à hauteur de 750 milliards d'euros. Si cela se confirme, cela voudrait dire que l’UE, premier marché mondial avec 450 millions de consommateurs, a cédé aux pressions américaines comme vient de le faire le Japon (et ses 124 millions d’habitants). Le gouvernement nippon a conclu le 2 juillet un accord commercial avec les Etats-Unis qui accepte 15% de tarifs douaniers à l’entrée du marché américain, mais qui comporte aussi des promesses: 550 milliards de dollars d’investissements des firmes japonaises au pays de Trump, et une commande de 100 avions Boeing.

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Ces 15% exonèrent-ils les GAFAM?

La réponse est oui. Sauf énorme surprise de dernière minute, la Commission européenne a abandonné l’idée de taxer les géants du numérique pour lesquels l’accès au grand marché européen est absolument indispensable. La domination numérique et technologique américaine va donc pouvoir se poursuivre, sans que les pays européens puissent en tirer profit. C’est l’autre victoire décisive de Trump. Son rapport de force a payé. L’Union européenne ne va pas rééquilibrer le commerce des données et des services, largement en sa défaveur. Les GAFAM (Google, Facebook, Amazon, Apple, Microsoft et bien d’autres) sortent grands vainqueurs.

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Ces 15% sont-ils un exemple pour la Suisse?

La Confédération a maintenant un barème en main. Il est très peu probable qu’elle puisse bénéficier de tarifs inférieurs à ceux de l’UE, même si les entreprises suisses investissent près de 400 milliards de dollars aux Etats-Unis, et y ont créé 400'000 emplois en 2022. Pour rappel, le seul pays européen à avoir obtenu un «discount» est pour l’heure le Royaume-Uni, avec 10%, et une exemption pour son secteur automobile. L’importance, pour la Suisse, est de ne surtout pas se voir imposer des tarifs supérieurs à 15%. Ses entreprises et ses produits, alors, ne seront pas défavorisés par rapport aux biens «Made in Europe».

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