La Pologne a retiré son ambassadeur en Hongrie, après que les autorités hongroises ont accordé le statut de réfugié à l'ancien vice-ministre polonais de la Justice recherché pour corruption, a-t-on appris jeudi auprès du ministère polonais des Affaires étrangères.
Les relations entre la Pologne et la Hongrie, tous deux membres de l'Union européenne, se sont fortement dégradées depuis la défaite aux législatives d'octobre 2023 en Pologne du parti nationaliste Droit et Justice (PiS), dont Viktor Orban était proche, et l'arrivée au pouvoir à Varsovie des forces pro-européennes emmenées par Donald Tusk.
L'ambassadeur polonais à Budaspest avait déjà été rappelé en décembre à Varsovie pour consultations. Il a désormais «achevé son mandat le 15 juillet», a précisé dans un message à l'AFP le ministère polonais des Affaires étrangères. Cette décision fait suite au «geste hostile envers la République de Pologne, à savoir l'octroi de l'asile politique à l'ancien vice-ministre Marcin Romanowski, recherché pour des actes criminels», précise le message. Le ministère polonais n'a pas précisé s'il enverrait un nouvel ambassadeur à Budapest.
«Une décision sans précédent»
Le vice-ministre hongrois des Affaires étrangères, Levente Magyar, a jugé cette décision «regrettable». «La Pologne a rappelé de manière permanente son ambassadeur de Hongrie, rétrogradant officiellement le niveau des relations diplomatiques bilatérales», a regretté Levente Magyar sur Facebook mercredi, tout en espérant que la situation soit «temporaire».
«Ce pas regrettable est le résultat d'une détérioration progressive de nos relations politiques – une décision sans précédent dans l'histoire de nos relations avec tout partenaire d'Europe centrale», a-t-il ajouté. «Néanmoins, nous considérons cela comme une situation temporaire... Malgré les désaccords politiques actuels, nous restons ouverts au dialogue et espérons que de meilleurs jours viendront à nouveau pour l'alliance entre nos deux pays».
Marcin Romanowski, membre du PiS, est accusé de plusieurs infractions par la justice polonaise notamment une tentative de détournement de près de 40 millions d'euros d'un fonds, qu'il supervisait, destiné aux victimes de la criminalité.
Recherché en vertu d'un mandat d'arrêt européen, le politicien avait disparu début décembre après que l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) a révoqué son immunité et qu'un tribunal a ordonné son arrestation. Pour accorder l'asile, la Hongrie a estimé qu'il n'y avait pas de garantie que son dossier soit «traité de manière impartiale et libre de toute influence politique dans son pays d'origine.