«Peut-être qu'ils allaient me tuer»
Enquête et spéculations après le meurtre d'une influenceuse en direct sur TikTok au Mexique

Le meurtre de Valeria Marquez, tuée par balles dans son salon de beauté, soulève de nombreuses questions. Le parquet appelle à la prudence face aux accusations sans fondement, tandis que l'affaire met en lumière la violence endémique contre les femmes au Mexique.
Publié: 15.05.2025 à 21:27 heures
|
Dernière mise à jour: 03:49 heures
Photo: Valeria Marquez a été tuée par balles mardi soir dans l'ouest du Mexique.

Les spéculations fusaient jeudi au Mexique alors que démarre l'enquête pour tenter d'éclaircir le mobile de l'assassinat d'une influenceuse de 23 ans en direct sur TikTok mardi dans son salon de beauté près de Guadalajara, fief d'un des cartels les plus puissants au monde. Le parquet, qui a ouvert une enquête pour «féminicide», a écarté la piste d'un ex-fiancé lié au cartel Jalisco nueva generacion (CJNG), mise en avant par plusieurs médias mexicains.

Valeria Marquez a été tuée par balles mardi soir à Zapopan, dans l'ouest du pays, en direct sur le réseau social TikTok, alors qu'elle présentait l'un de ses programmes beauté et mode de vie. «Tu es Valeria?», lui demande d'un ton enjoué et amical la voix d'un homme qui se trouve hors-champ, selon la vidéo visionnée par l'AFP. «Oui», répond la jeune femme, en regardant son interlocuteur d'un air angoissé. Elle coupe le son, et s'effondre quelques secondes plus tard, sous l'impact des coups de feu - trois, selon les premiers éléments de l'enquête.

Auparavant, la victime, vêtue d'un débardeur couleur fuchsia, avait reçu un cochon en peluche aux couleurs presque assorties. Accompagnée d'une assistante hors-champ, l'influenceuse s'est montrée surprise qu'un coursier souhaite lui remettre en personne des cadeaux pendant l'enregistrement de sa vidéo. «Ils allaient m'enlever ou quoi», s'interroge-t-elle, mi-ironique, mi-inquiète. «Peut-être qu'ils allaient me tuer». «D'après les premiers éléments de l'enquête, elle se trouvait dans son salon de beauté lorsqu'un homme est entré et, apparemment, a tiré plusieurs fois sur elle avec une arme à feu, la tuant», a indiqué mercredi le parquet dans un communiqué.

Accusations de complicité

Des médias mexicains ont spéculé mercredi sur la responsabilité présumée d'un homme présenté comme l'ex-petit ami de Valeria Marquez, et responsable local du cartel Jalisco nueva generacion près de Guadalajara. Dans sa vidéo, la victime parle d'une autre jeune femme hors-champ, qui lui demande de ne pas quitter le salon de beauté.

Sur les réseaux sociaux, des accusations de complicité ont visé cette jeune femme. «Devant des versions journalistiques qui signalent directement des responsables présumés de la mort d'une femme à Zapopan, le parquet de l'Etat (du Jalisco) précise qu'il n'existe jusqu'à présent dans le dossier de l'enquête en cours aucun signalement contre une personne en particulier», a indiqué jeudi le parquet dans un nouveau communiqué.

Très peu d'enquêtes sur des homicides ou des féminicides mènent à des condamnations au Mexique. Le parquet de Jalisco a été mis en cause récemment par le parquet général de la République dans une autre affaire retentissante: la découverte d'un ranch ayant de source officielle servi de camp d'entraînement au crime organisé. Valeria Marquez n'avait jamais dénoncé aucune menace, d'après le maire de Zapopan, Juan José Frangie. «Nous n'avons aucune trace (de la victime) dans les registres du parquet ni de la police de Zapopan», a-t-il indiqué à la presse.

Se montrant en voiture, sur un yacht ou dans un avion privé, l'influenceuse aux longs cheveux blonds publiait vidéos et photos sur TikTok (plus de 90.000 abonnés) et Instagram (115.000). En août dernier, la jeune femme avait ouvert le salon de beauté Blossom dans un centre commercial de Zapopan, banlieue tout à la fois huppée et violente de Guadalajara.

Violence contre les femmes élevée au Mexique

Le cartel de drogue CJNG fait partie des huit mafias criminelles d'Amérique latine - dont six mexicaines - classées sur une liste d'organisations «terroristes» par l'administration américaine de Donald Trump. La violence contre les femmes est élevée au Mexique, où 70% des femmes de plus de 15 ans ont subi une forme d'agression au moins une fois dans leur vie, selon l'ONU.

En 2024, près de 3430 femmes ont été victimes de morts violentes dans le pays, selon un document du Parlement mexicain. Le pays enregistre une moyenne de 30.000 homicides par an. De ce total, 829 femmes ont été victimes d'un féminicide présumé et 2.598 femmes ont été victimes d'un simple homicide, d'après ce même document.


Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la