Après près d’un mois de silence, Elon Musk signe un retour remarqué sur la scène politique. Le milliardaire a de nouveau exprimé son opposition au gigantesque projet de loi budgétaire défendu par Donald Trump. Samedi 28 juin, sur X, il n’a pas mâché ses mots, qualifiant ce texte de «complètement fou et destructeur».
Le sujet avait déjà provoqué des tensions entre les deux hommes. Leur dernier accrochage s’était joué à coups de messages acerbes sur les réseaux sociaux. Elon Musk avait ensuite reconnu avoir parfois «été trop loin». Trump, de son côté, s’était voulu apaisant, déclarant ne pas en vouloir à son plus grand donateur. Mais avec cette nouvelle attaque, l’entente déjà fragile entre les deux hommes pourrait bien voler en éclats.
«Un suicide politique»
«Le dernier projet de loi du Sénat détruira des millions d'emplois aux Etats-Unis et causera un préjudice stratégique considérable à notre pays», a écrit Elon Musk. Quelques heures plus tard, il enfonçait le clou en qualifiant ce texte de «suicide politique pour le parti républicain».
Ces déclarations ont été publiées alors même que le Sénat entamait l’examen de cette nouvelle version de la loi, surnommée par Trump «la grande et belle loi». Un document massif de 940 pages, censé traduire concrètement les promesses du président.
Une nouvelle version insuffisante
Le projet prévoit des baisses d’impôts, une réduction de Medicaid – l’assurance santé publique pour les foyers modestes –, un recul de l’aide alimentaire, mais aussi une hausse des dépenses militaires et des budgets alloués à l’immigration. Pour convaincre les sénateurs les plus sceptiques, notamment dans son propre camp, Trump a fait ajouter quelques concessions, comme un fonds de soutien aux hôpitaux ruraux dépendants de Medicaid.
En effet, le président américain fait face à certains sénateurs républicains réfractaires qui souhaitent apporter des modifications de fond au texte avant de le soumettre au vote dans l'hémicycle. Mais pour Elon Musk, ces nouveaux ajustements ne suffisent pas: «Cette loi offre des avantages aux industries du passé tout en portant gravement préjudice aux industries du futur», a-t-il martelé, toujours sur X.
Une dette à 3000 milliards
Samedi soir, le Sénat a adopté de justesse la motion d’ouverture des débats, avec 51 voix pour et 49 contre – dont deux voix républicaines. Le vote final pourrait intervenir dès ce lundi. Si le texte est approuvé, il retournera à la Chambre des représentants, déjà favorable, pour valider la version amendée.
Mais ce plan budgétaire fait grincer des dents. Selon le Bureau budgétaire du Congrès (CBO), il alourdirait la dette publique de plus de 3000 milliards de dollars d’ici 2034. Une estimation qui alimente les critiques des démocrates, minoritaires au Congrès, qui dénoncent un cadeau fiscal aux plus riches, au détriment des classes populaires, déjà frappées par l’inflation.
Le président américain souhaite promulguer la loi avant vendredi, jour de la fête nationale. Mais même à la Maison Blanche, on admet que le calendrier reste incertain.
Quant à Elon Musk, difficile de dire s’il a encore du poids sur les débats parlementaires. Une chose est sûre: ses derniers coups de gueule pourraient lui coûter cher. La dernière fois, Trump avait menacé de couper les contrats fédéraux accordés à ses entreprises. Une menace qui, cette fois, pourrait devenir réalité.