«Fabriquer une crise pour détourner l'attention»
Les démocrates dénoncent Trump et sa dérive sécuritaire dans les villes américaines

Les démocrates américains accusent Donald Trump de créer des crises pour justifier l'envoi de la Garde nationale dans les grandes villes dirigées par l'opposition. Le président menace de déployer des troupes à Baltimore, après Los Angeles et Washington.
Publié: 06:38 heures
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Dernière mise à jour: 06:51 heures
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La Garde nationale a été déployée dans différentes mégapoles américaines.
Photo: Anadolu via Getty Images
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AFP

Les démocrates américains ont accusé dimanche Donald Trump de «fabriquer des crises» pour justifier l'envoi de militaires de la Garde nationale dans des mégapoles tenues par l'opposition et que le président républicain estime être «rongées» par la criminalité.

Le chef d'Etat conservateur de 79 ans, qui applique à marche forcée son programme de lutte draconienne contre la délinquance et l'immigration, a menacé dimanche une grande ville de plus, Baltimore, capitale de l'Etat du Maryland dirigé par un démocrate, d'y dépêcher des «troupes» de ce corps de réserve de l'armée.

Des milliers de Gardes nationaux et de Marines ont été déployés en juin à Los Angeles (ouest) et, depuis le 12 août, dans la capitale Washington (est), où des véhicules blindés stationnent devant la gare et le long de l'immense esplanade The National Mall, bordée par les institutions et monuments du pays.

Droit au port de l'arme

Les réservistes de la Garde nationale ont commencé à porter leurs armes de service dimanche soir, a annoncé l'armée dans un communiqué, ajoutant qu'ils ne sont autorisés à faire usage de la force qu'«en dernier recours et seulement en réponse à une menace imminente de mort ou de blessure corporelle grave». Donald Trump menace aussi d'envoyer des forces de l'ordre fédérales à Chicago (nord), puis à New York (nord-est), troisième et première mégapoles américaines.

Les réservistes de la Garde nationale dépendent de chaque Etat américain et ne peuvent être déployés qu'en cas d'urgence nationale, comme une catastrophe naturelle, à la demande de l'Etat fédéral et après le feu vert du gouverneur local. Ils ne sont pas censés intervenir contre la criminalité, les émeutes, les manifestations.

«Fabriquer une crise pour détourner l'attention»

«Donald Trump n'a aucune base légale, aucune autorité, pour essayer d'envoyer des troupes fédérales à Chicago», a tonné sur CNN le chef de la minorité démocrate à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries. «Nous devons continuer de soutenir les forces de l'ordre locales et ne pas laisser Donald Trump jouer avec la vie des Américains, ni fabriquer une crise pour détourner l'attention, car il est profondément impopulaire», a martelé cet élu du Congrès pour New York.

Le gouverneur démocrate de l'Illinois, JB Pritzker, où se trouve Chicago, a assuré sur X que son Etat «coopérait depuis longtemps avec les forces de l'ordre fédérales» contre une criminalité qui a souvent meurtri cette grande ville posée au bord des Grand lacs et connue dans le monde entier.

«Mais nous ne laisserons pas un dictateur nous imposer sa volonté», a lancé cette figure du Parti démocrate et opposant en vue à Donald Trump. Ce dernier a réagi à des messages «au ton plutôt méchant et provocateur» d'un autre démocrate, le gouverneur du Maryland, Wes Moore.

Il avait proposé samedi soir sur X au milliardaire new-yorkais «une promenade» à Baltimore pour tordre le cou aux «mensonges déblatérés contre les progrès que nous réalisons en matière de sécurité dans le Maryland». Wes Moore lui a répondu sur CNN et CBS qu'il «n'autoriserai(t) pas la Garde nationale du Maryland à être utilisée» contre la criminalité car «c'est inconstitutionnel».

Chicago et New York dans le viseur

Quant à Chicago, le Washington Post affirme depuis samedi que le Pentagone prépare depuis des semaines le déploiement de la Garde nationale, là encore officiellement contre la criminalité et l'immigration. Le ministère de la Défense n'a fait aucun commentaire.

Le président américain avait affirmé vendredi depuis son Bureau ovale que de «magnifiques femmes afro-américaines disent: 's'il vous plaît président Trump, venez à Chicago'» et annoncé que cette ville et New York, capitale économique et culturelle, seraient «les prochaines» sur la liste.

Washington accueille déjà plus de 1900 réservistes de la Garde nationale, envoyés par des Etats républicains, ainsi que des policiers d'agences fédérales comme le FBI, la police de l'immigration ICE ou celle antidrogue DEA. «Nous allons rendre nos villes très, très sûres,» a promis Trump.

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