Après dix ans de violences, «les parties au conflit continuent de perpétrer des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité», a affirmé le président de la Commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU sur la Syrie, Paulo Sergio Pinheiro. Les trois membres de cette instance continuent de constater des cas de torture et de violences sexuelles dans les prisons progouvernementales, des détentions arbitraires ou encore des disparitions forcées.
Dans ce nouveau rapport qui porte de juillet 2020 à juin dernier, la commission a déploré une augmentation des affrontements dans plusieurs régions. Trois ans après les mois de violences dans la Ghouta orientale, les parties recourent à nouveau à des sièges de plusieurs villes, déplore encore un membre de la commission, Hanny Megally.
Attaques contre des hôpitaux
Parmi les crimes identifiés, les enquêteurs dénoncent notamment une attaque en mars dernier avec un missile guidé contre un hôpital, qui a fait huit victimes parmi les patients. Plusieurs projectiles ont été tirés.
Les indications recoupées mettent en cause les forces progouvernementales, responsables d'un possible crime de guerre pour avoir ciblé une infrastructure médicale, indiquent les trois enquêteurs. En raison des dégâts, le centre de santé ne peut plus être utilisé. Quelques heures après, les soldats russes, alliés au président Bachar al-Assad, ont mené des bombardements dans une autre zone.
Mais les groupes non étatiques sont aussi épinglés pour de possibles crimes de guerre. Des engins improvisés dans des véhicules ont fait de nombreuses victimes dans plusieurs villes. Près de 250 civils ont été tués dans quelques-unes de ces attaques.
Tortures et violences sexuelles
L'Armée nationale syrienne (ANS), soutenue et armée par la Turquie dans le nord de la Syrie, a poursuivi ses pratiques de torture et de violences sexuelles. Côté kurde, les Forces démocratiques syriennes (FDS) retiennent toujours des dizaines de milliers de personnes, dont 40'000 enfants, dans des conditions déplorables dans le camp d'al-Hol.
La commission se penche actuellement sur des cas d'exécutions illégales contre des protestataires dans ce site. Egalement mis en cause en Syrie, les terroristes d'Hay'at Tahrir al-Sham (HTS) sont eux responsables de détentions arbitraires dans le nord-ouest du pays.
«La situation générale en Syrie semble de plus en plus sombre», a déploré une autre membre de la commission, Karen AbuZayd. L'économie se détériore et la sécheresse et la pandémie sont venues s'ajouter aux violences. Pas de quoi permettre un retour des plus de 6 millions de réfugiés, selon les enquêteurs. En plus de dix ans, plus de 400'000 personnes ont été tuées. Au total, plus de 13 millions de Syriens ont besoin d'une assistance humanitaire, selon l'ONU.
(ATS)