«Une décision difficile»
Joe Biden se résigne à livrer des bombes à sous-munitions à l'Ukraine

Manque de force de frappe sur le front et épuisement des stocks de munitions : le président américain justifie la livraison de bombes à sous-munitions proscrites à l'Ukraine comme une solution transitoire.
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Donner le feu vert à la livraison de bombes à sous-munitions à l'Ukraine a été une décision très difficile pour lui, a déclaré le président américain Joe Biden.
Photo: DUKAS
Daniel Kestenholz

Il s'est résolu à livrer des armes à sous-munitions à l'Ukraine, certes, mais le cœur lourd. C'est ce qu'a déclaré le président américain Joe Biden lors d'une interview à CNN, diffusée ce dimanche. Le chef d'Etat affirme avoir pris une telle décision car Kiev, comme Washington, ont épuisé leur stock de munitions normales, mais que l'Ukraine a besoin plus que jamais de force de frappe sur le front.

«Il s'agit d'une guerre de munitions. Or, l'Ukraine en est à court, et nous n'en avons plus beaucoup non plus», a expliqué Joe Biden. Celui-ci a fini par accepter la recommandation du Pentagone, et décidé de livrer des bombes à sous-munitions directement à Kiev, ce qu'il avait jusque-là refusé.

«Cela a été une décision très difficile pour moi», poursuit le président américain. Seulement, «les Ukrainiens sont à court de munitions».

Répondre aux besoins de l'Ukraine

Le président justifie sa livraison d'armes à sous-munitions en la qualifiant de «solution temporaire», jusqu'à ce que les Etats-Unis soient en mesure de produire suffisamment d'obus de 155 mm.

Il estime que la force de frappe des Ukrainiens doit être augmentée dès à présent. «Le plus important est qu'ils aient les armes pour arrêter les Russes maintenant.» Selon lui, l'Ukraine a «besoin» de ces armes.

L'année dernière, l'importante artillerie fournie par Washington avait permis à l'Ukraine de reconquérir bon nombre de territoires.

Vives réponses de Moscou

Le Kremlin n'a pas encore réagi au revirement d'attitude de Washington au sujet de la livraison de telles armes. Pourtant, Grigory Karasin, le président de la commission des affaires internationales du Conseil de la Fédération russe, a promis une réaction sévère. En effet, vendredi, il a mentionné à l'agence de presse Ria Novosti une «nouvelle étape dans l'escalade de la situation en Ukraine, à laquelle nous réagirons très durement».

Quant à l'ambassadeur russe aux Etats-Unis, Anatoli Antonov, il a déclaré dans la nuit de vendredi à samedi que «Washington augmentera encore son engagement dans le conflit». Même sans les armes à sous-munitions, les Etats-Unis sont impliqués dans le conflit qui «rapproche l'humanité d'une nouvelle guerre mondiale», a déclaré l'ambassadeur, cité par le ministère des Affaires étrangères à Moscou.

«Les armes à sous-munitions sont un geste de désespoir», a poursuivi Anatoli Antonov, ce qui, selon lui, ne fait que révéler «l'impuissance des Etats-Unis». Washington ne veut pas «admettre ses torts, ou l'échec de l'offensive ukrainienne». C'est pourquoi les Etats-Unis commettent de «nouveaux actes de folie».

Un danger pour la population civile

Les bombes à sous-munitions ont été utilisées pour la première fois lors de la Seconde Guerre mondiale. Puis, pendant la guerre du Vietnam, les Américains ont misé sur des «coupeurs de marguerites», qui sont allumés dans l'air et dispersent des centaines de sous-munitions sur de vastes surfaces. Ces sous-munitions sont elles-mêmes constituées de petites bombes.

Nombre d'entre elles n'explosent pas immédiatement et restent au sol, si bien qu'elles constituent un danger pour la population civile longtemps après la fin du conflit. Selon l'organisation internationale de défense des droits de l'homme Human Rights Watch, la proportion de sous-munitions qui n'ont pas explosé est d'environ 7%.

L'Ukraine accuse la Russie d'utiliser des bombes à sous-munitions depuis le début de la guerre, en février dernier.

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