Trafic de drogues et vols
Un pays européen sur trois n'a plus de places dans ses prisons

Le Conseil de l'Europe alerte sur la surpopulation carcérale, un défi majeur pour un tiers des pays européens. La Slovénie, Chypre et la France sont les plus touchées, avec respectivement 134, 132 et 124 détenus pour 100 places disponibles.
Publié: 11:00 heures
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Vue d'une cellule de prison de l'unité d'intervention de crise de la prison de Limmattal, le 1er mars 2019 à Dietikon, Zurich.
Photo: KEYSTONE
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AFP Agence France-Presse

La Slovénie, Chypre et la France présentent en Europe la plus forte surpopulation carcérale, qui reste un «défi majeur» pour un tiers des pays du continent, indique vendredi le Conseil de l'Europe dans son rapport annuel 2024 sur les statistiques pénales.

Globalement, en Europe, le nombre de personnes détenues pour 100 places disponibles a augmenté, passant de 93,5 début 2023 à 94,9 au 31 janvier 2024, date à laquelle sont arrêtés les chiffres de ce rapport.

Des différences significatives persistent: dans les pays de plus de 500'000 habitants, 15 administrations pénitentiaires comptent plus de détenus que de places disponibles, relève le Conseil de l'Europe, vigie des droits de l'homme sur le continent.

La réinsertion détériorée

Sur les 51 administrations pénitentiaires des Etats membres du Conseil de l'Europe, qui pour la première fois ont tous fourni leurs données, la Slovénie (134 détenus pour 100 places disponibles), Chypre (132) et la France (124) occupent le podium de la surpopulation carcérale.

Il y avait 1'021'431 personnes détenues dans les 51 administrations pénitentiaires au 31 janvier 2024, soit un taux médian de 105 détenus pour 100'000 habitants sur le continent. Slovénie (+25,4%), Suède (+15,5%) et Malte (+11,1%) ont vu leurs populations carcérales augmenter le plus en un an.

A l'inverse, les taux d'incarcération ont baissé significativement en Bulgarie (-14,5%), au Luxembourg (-14,5%) et en Turquie (-12,9%). Cependant, ce dernier pays est celui où le taux d'incarcération est le plus élevé, avec 356 détenus pour 100'000 habitants.

«La surpopulation compromet sérieusement les conditions de vie de la population carcérale et les efforts de réinsertion des administrations pénitentiaires», note le professeur Marcelo Aebi, chef de l'équipe de recherche de l'Université de Lausanne, qui a compilé ces données pour le Conseil de l'Europe.

«Outre la promotion de sanctions alternatives à l'emprisonnement, la réduction de la durée des peines, en particulier pour les délinquants non violents et à faible risque, peut être un outil puissant pour réduire les taux d'incarcération», note encore M. Aebi.

Les infractions les plus courantes menant à un emprisonnement sont celles liées au trafic de drogue (16,7%) et les vols (12,3%). Les ressortissants étrangers représentent 16% des personnes détenues en Europe. La proportion de femmes dans les prisons européennes est de 4,9%, un chiffre «remarquablement constant dans tous les pays», selon le Conseil de l'Europe.

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